Un outil essentiel pour l’entraînement des opérateurs et la performance du parc

Responsable des tranches en marche au sein de la division de la production nucléaire chez EDF, Stéphane Feutry supervise la production du parc nucléaire. Il nous détaille ses attentes vis-à-vis du réacteur numérique.

Stephane Feutry

À quelles problématiques devra répondre le Réacteur Numérique ? Quelles sont vos attentes en tant qu’exploitant ?

Les simulateurs sont des outils essentiels pour la formation initiale ainsi que pour le renouvellement des habilitations des opérateurs de conduite dont EDF a la charge. Nous cherchons toujours à améliorer la qualité et la sûreté de l’exploitation. Nous nous appuyons sur des procédures précises et sur les compétences des équipes qui conduisent les réacteurs. L’entraînement est fondamental pour garantir que les gestes seront bien faits.

Cela fait 20 ans que nous disposons sur chaque site de simulateurs pleine échelle, qui copient la salle de commande. Mais il s’agit de dispositifs de grande taille et peu maniables, qui ne sont pas toujours des copies conformes du réacteur à l’instant. Par exemple, nous ne savons pas prendre en compte les caractéristiques précises du combustible des cuves qui est renouvelé chaque année. Le Réacteur Numérique permettra aux opérateurs de mieux s’entraîner aux gestes courants et de s’adapter aux évolutions de nos pratiques.
Nos réacteurs ne fonctionnent pas toujours à pleine puissance car nous adaptons la production aux besoins de consommation. Avec le développement des énergies renouvelables, nous effectuons plus de montées ou de baisses de charges, moins standardisées.
Cette manœuvrabilité accrue nécessite plus d’entraînement.

De plus, aujourd’hui, les opérateurs, qui ne peuvent pas accéder au bâtiment du réacteur en fonctionnement, doivent se faire une représentation mentale des installations à partir de quelques enregistreurs de pression, température ou débit. En les aidant à mieux se représenter ce qui se passe physiquement dans les pompes et les tuyaux, à visualiser précisément les échanges thermiques, le Réacteur Numérique améliorera la qualité d’exploitation.

Selon vous, quels seront les bénéfices du Réacteur Numérique pour le parc nucléaire ?

En regroupant les différents morceaux de simulation qui restent jusqu’ici partiels, certains pour la conception, d’autres pour le fonctionnement, le Réacteur Numérique va nous permettre de mieux valider nos stratégies d’action en cas d’événement, de mieux choisir entre différents scénarios, en collant mieux aux réalités du terrain par l’intégration des données qui nous parviennent à chaud. Ce continuum dans la simulation est important, même si les concepteurs et les opérateurs n’ont pas tous les mêmes besoins.

Le Réacteur Numérique va-t-il changer votre façon de travailler ? Et à quelle échéance voyez-vous ces changements ?

Il va compléter ce que nous faisons déjà en nous permettant de répéter plus souvent les opérations via la simulation. On a besoin du numérique pour faire évoluer nos méthodes de travail. La jeune génération de techniciens et d’ingénieurs a une nouvelle approche du numérique, qu’elle connaît bien. Cela joue sur l’attractivité de la filière. Le système d’information va aider les hommes et les femmes à faire évoluer leurs pratiques. Mais pour cela, il faut que les produits issus du projet soient simples d’utilisation. S’il nous faut une journée de paramétrage pour vingt minutes d’entraînement, ça ne marchera pas, les opérateurs ne se l’approprieront pas.
Je suis les avancées du projet. L’idée est de tester les prototypes et de bénéficier de gains intermédiaires dans la qualité d’exploitation. Nous y allons crescendo. Nous avons par exemple déjà essayé des dispositifs de réalité virtuelle pour simuler la mise en configuration des circuits (ouverture ou fermeture de vannes) dans le bâtiment réacteur.

Projet Réacteur Numérique

La filière nucléaire française innove

Information

Projet Réacteur Numérique - La filière nucléaire française innove

  • 9 partenaires
  • 4 ans
  • 23 briques technologiques
  • 9 codes de calcul
  • 1 ambition commune : réaliser le jumeau numérique du réacteur

3 utilisations

Former les opérateurs

Chaque opérateur aura la possibilité de se former sur le réacteur dans lequel il travaille, depuis un simple ordinateur portable.

Suivre en temps réel l'évolution du réacteur

De la conception au démantèlement en passant par l’exploitation et la maintenance, des outils qui permettent de modéliser et visualiser des phénomènes physiques complexes.

Anticiper le futur

Maintenir les performances d’exploitation dans la durée.