Plongée au cœur des supercalculateurs !
Pour mieux comprendre le fonctionnement et l’avenir des supercalculateurs, nous vous proposons d’aller à la rencontre de Cyril Baudry, architecte SI scientifique de la R&D d’EDF.
Lorsque Cyril Baudry rejoint la R&D d’EDF en 2009, il occupe des fonctions bien différentes de celles qui l’animent aujourd’hui. Cet ingénieur de formation fait alors partie de l’équipe de développement de deux des principaux codes de calcul de la R&D d’EDF. Un travail d’intégration qui ne l’empêche pas de s’intéresser de près aux supercalculateurs. En plus de son travail, il anime le club des utilisateurs HPC et gagne ainsi le droit de tester les nouveaux supercalculateurs avant même leur entrée en service. Son intérêt croissant pour le domaine l’amène quelques années plus tard à briguer le poste d’architecte SI scientifique. Cela tombe bien, son profil hybride plait à son recruteur ! Qui de mieux qu’un ancien développeur pour collaborer avec des développeurs ? Cyril Baudry s’attèle à la tâche et celle-ci ne se limite pas au HPC : problématiques liées au poste de travail ou au stockage, à l’intelligence artificielle et même à l’informatique quantique...
HPC : un suivi permanent
En insatiable curieux, Cyril continue de s’intéresser à de multiples sujets, tout en recentrant ses activités sur les supercalculateurs. Ses missions sont multiples. Il effectue avant tout un suivi permanent du fonctionnement de ces machines. Si celles-ci sont exploitées par la Direction des services IT (DSIT) du groupe, la R&D d’EDF se doit de challenger le traitement des différentes demandes exprimées par ses utilisateurs. L’architecte SI analyse également les incidents et autres demandes d’évolution. Côté utilisateurs, l’équipe SI scientifique n’est pas en reste. Elle les accompagne afin qu’ils choisissent le bon type de ressources et une quantité adaptée au calcul qu’ils doivent réaliser. Responsable du e-learning sur le HPC, Cyril Baudry chapeaute également un prestataire chargé d’aider à l’utilisation et au paramétrage des codes sur les calculateurs... Des très nombreux calculs courts quotidiens pour OSIRIS à ceux nécessitant plusieurs semaines pour le nucléaire, les besoins exprimés sont nombreux et variés. Et Cyril Baudry ne manque pas d’occasions, comme il aime tant, de se « creuser les méninges » pour faire coexister sur les machines tous les usages et répondre aux enjeux des plus de 1 000 utilisateurs.
Préparer l’avenir du HPC
Si ce suivi quotidien des supercalculateurs s’avère impérieux, la veille l’est tout autant. Les bonds technologiques sont fréquents et prendre du retard sur l’émergence d’une innovation pourrait engendrer des conséquences désastreuses pour le groupe EDF., Cyril Baudry entretient donc des relations nourries avec les différents constructeurs mais aussi auprès de tout l’écosystème du calcul haute performance en France. De la participation à des conférences internationales à des essais de matériel, cette veille recouvre différentes formes. Le principal objectif est le même : constituer une roadmap du nouveau matériel et des logiciels associés qui alimentera le prochain cahier des charges. Cette étape cruciale, dénommée « build », ne concerne pas uniquement le choix des machines. Il s’agit d’assembler les observations issues de la veille pour définir la topologie de processeurs souhaités, la quantité de mémoire nécessaire ou encore le type de réseau adéquat.
La révolution GPU ?
Après une décennie de progrès phénoménaux, les supercalculateurs classiques, fondés sur le CPU, semblent atteindre leurs limites. Référent technique sur la question du HPC, Cyril Baudry se retrouve au cœur de ce nouveau défi qui se présente à la R&D d’EDF. Faut-il tout miser sur le GPU, le processeur issu du monde des jeux vidéo ? Pour Cyril Baudry, malgré la puissance décuplée proposée par le GPU, la réponse n’est pas si évidente. Si le sens de l’histoire se porte vers cette technologie, la R&D d’EDF cherche à vérifier si elle s’adaptera bien à ses différents besoins. Un intense travail de veille qui commence à livrer ses premières conclusions… Parmi le grand nombre de codes de calcul utilisés par la R&D d’EDF (près de 300 !), une grande partie ne semble pas éligible à la technologie. Avec un prix de l’ordre de dix fois supérieur au CPU, les gains de puissance apportés par le GPU doivent être suffisants pour compenser cette perte financière, en tenant compte de l’efficacité énergétique. Une logique qui semble concerner les deux principaux codes de calcul utilisés par la R&D d’EDF qui consomment une grande partie des capacités des supercalculateurs actuels. Reste cependant à mesurer précisément les rapports d’efficacité précis entre CPU et GPU pour ces deux cas de figures… L’avènement de machines convergées, mêlant les deux processeurs est l’une des hypothèses privilégiées. C’est d’ailleurs le cas de Cronos, le dernier supercalculateur du groupe EDF.
La question que se pose Cyril Baudry et l’ensemble du SI scientifique n’est donc pas : allons-nous recourir au GPU, mais à quelle proportion et pour quel cas spécifique ? Une problématique aux multiples entrées qui continue aujourd’hui de challenger la R&D d’EDF.