La smart city ne peut pas voir le jour sans une connaissance fine et une utilisation efficiente de la data. Un point de vue partagé par Guillaume Bourgueil, architecte et président de l’association Cobaty 37 (Association des métiers de la construction, de l’urbanisme et de l’environnement en Indre-et-Loire) interviewé pour le nouveau numéro du magazine Energies des Territoires centré sur le combo data-transition écologique.
De nombreuses villes se rêvent aujourd'hui en smart city. L'accès et l'utilisation de la data sont-elles un passage obligé pour y parvenir ? Pourquoi ?
Guillaume Bourgueil - La Smart City ou la ville intelligente est à mon sens une ville qui s’adapte, qui évolue très vite, plus vite que dans le passé, au gré de nos modes de vie et de ses évolutions rapides, qui peuvent être révélées par la Data. Ce concept est très séduisant pour améliorer la qualité de nos espaces et réduire les coûts de consommation. Il est donc important de connaitre les usages et les modes de vie des habitants. Pour cela, la collecte et l’accès à des données numériques de qualité, la capacité à les utiliser sont fondamentaux. Cela vaut pour tous les acteurs de la ville et, en particulier, ceux des métiers de l’aménagement et de la construction. Nous devons repenser les infrastructures de la ville, c’est notre métier. Et elles doivent être durables, ce qui veut donc dire qu’elles devront s’adapter à l’évolution de notre manière de vivre ensemble. La Data est constituée de nombreuses informations qui viendront enrichir notre connaissance des usages, elle est à mon sens l’essence même du concept de Smart City.
En tant que président de l'association Cobaty 37, avez-vous en tête des projets ou réalisations (architecturaux, urbanistiques, d'aménagement...) ayant utilisé les données énergétiques locales ? Pour quels bénéfices ?
G. B. - Je n’ai pas d’exemple local mais à Dijon, Issy les Moulineaux ou Nantes, les collectivités ont déjà réalisés des projets en ce sens… Ici à Tours la Métropole travaille sur le sujet. Nous sommes dans la phase d’apprentissage ou plus exactement, à partir de ce qui se fait ailleurs, d’échanges engagés sur le sujet. Cobaty Tours développe une étude, au travers d’un projet d’aménagement portant sur 35 hectares de la ville, intégrant notamment des réflexions sur la mobilité, la collecte des déchets, la gestion de l’eau et des éclairages publics. Nous voulons passer de l’idée à la réflexion appliquée, bien évidemment avec les acteurs compétents, dont notamment Tours Métropole et la Ville de Tours.
Où en sont aujourd'hui les métiers de la construction s'agissant de l'appropriation des enjeux liés à la data ? Quelles seraient les évolutions souhaitables à vos yeux sur ce sujet ? De quoi ou de qui dépendent-elles ?
G. B. - Je pense que les Majors de la construction sont déjà très au fait des enjeux et sont mêmes moteurs d’innovation mais c’est plus lointain pour les PME. Il y a un besoin d’information, de formation et de développement des compétences.
Les métiers techniques liés aux réseaux et aux énergies sont sûrement les premiers concernés, mais au final toutes les facettes des métiers de la construction doivent se mobiliser et se préparer. Et nous ne sommes pas seuls : les acteurs des TIC, les fabricants voire les énergéticiens peuvent nous aider à entrer dans le jeu. Et bien sûr, les pouvoirs publics ont un rôle important. La Smart City, c’est aussi un choix d’élus, le choix d’une politique de la ville…