Au sein du Lab LCA, les ingénieurs-chercheurs de la R&D d'EDF fédèrent et développent leur expertise pour produire des études pour l'ensemble des métiers du groupe EDF. Ils contribuent avec leurs pairs internationaux au développement méthodologique de la méthode ACV.
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Au sein de la R&D d’EDF, l’équipe de recherche dédiée à l’ACV et à l’écoconception a trois objectifs :
- Diffuser l’utilisation de l’ACV au sein du groupe EDF, et aider les collaborateurs à s’orienter parmi les concepts et outils ;
- Entretenir une capacité à mener des ACV de référence sur les sujets stratégiques, et les capitaliser ;
- Participer au développement méthodologique de la méthode et anticiper les débats de demain. La R&D d’EDF est ainsi pleinement intégrée à l’écosystème ACV – conseils, recherche, industriels –, notamment via sa participation en tant que membre actif à SCORE LCA dont elle a été membre fondateur en 2012.
La stratégie du Lab LCA
Portrait de Denis LE BOULCH, ingénieur chercheur Senior au département TREE (Technologie et Recherche pour l’Efficacité Énergétique) au sein de la R&D d’EDF.
Quelles sont les compétences spécifiques de la R&D dans ce domaine ?
Denis : L'ACV s'est initialement développée pour les produits manufacturés. Le produit d'EDF, le kWh, est plus difficile à appréhender. Nous devons donc aider nos interlocuteurs à maîtriser la méthode et être en mesure de leur apporter rapidement des résultats clés - rien de mieux que la preuve par l'exemple ! Mais nous devons également anticiper les ruptures méthodologiques de demain, qui peuvent impacter EDF, par exemple sur l'évolution de la méthode en elle-même (ACV « conséquentielle », ACV « prospective », ACV « dynamique »), ou sur certains sujets relevant encore aujourd’hui de la recherche (indicateurs de catégorie d’impact ACV, par exemple pour l’épuisement des ressources en eau ou l’émission de radiation ionisantes).
Pour quels types de produits réalisez-vous des ACV ?
Denis : Nous ne nous positionnons pas uniquement en « réalisateur d'ACV », mais il est néanmoins essentiel de maîtriser les ACV des produits du groupe EDF, qui constituent autant de sujets stratégiques : les kWh produits par les différentes filières de production électriques (nucléaire, ENR, mais aussi fossiles, ou encore prospective telles que H2), et les usages majeurs de l'électricité (secteur du bâtiment, de la mobilité électrique, de l'industrie). Pour chacun de ces sujets, nous devons être en mesure d'apporter aux différents experts du Groupe une vision « cycle de vie », intégrant la supply chain, qui complètera leur propre expertise. Cela peut aller jusqu'à la réalisation d'ACV complètes, comme par exemple sur le parc nucléaire en exploitation ou la construction d'EPR2, dans une logique d'écoconception. Toutes ces actions nous permettent de capitaliser de la connaissance, d'être chaque jour plus pertinents, et d'identifier de nouveaux défis méthodologiques que nous soumettrons à l'écosystème ACV.
Écoconception ? Quel lien avec l'ACV ?
La démarche d'écoconception relève avant tout de l'expert produit. Mais celui-ci doit quantifier les gains attendus – l'ACV, méthode « produit », s'impose donc naturellement comme la métrique de référence. Une fois en place, elle peut même aider à générer des idées nouvelles et ensuite servir de cadre à des politiques d'achats durables. C'est aujourd'hui ce que nous développons en appui à la construction des projets neufs : notre première ACV de la construction d'EPR2 est exploitée dans des approches d' « Éco-socio-conception », et des critères environnementaux en lien avec l'étude ont été introduits dans les achats et toute cette connaissance finira capitalisée au LabLCA !
Au-delà de ces sujets de fond, avez-vous d'autres missions ?
Oui, l'environnement est un vaste sujet de débats. Nous sommes donc régulièrement sollicités sur des questions très diverses. Certaines trouvent rapidement une réponse (un bilan carbone d'un produit à confirmer, par exemple), pour d'autres, nous pouvons accompagner le demandeur vers un cabinet externe pour une ACV non stratégique, ou si le sujet s'avère complexe, nous commençons à l'instruire au sein de la R&D d'EDF. Nous cherchons toujours à être les plus collaboratifs et agiles possibles et les questions sont souvent source d'idées de recherche. Le Lab LCA est ainsi identifié comme un espace d'innovation au sein du groupe EDF.
Quelles sont les étapes de l'ACV ?
L'ACV est donc une méthode normée, qui comprend 4 phases interdépendantes :
- La première étape « Définition des objectifs et du champ de l'étude » permet de fixer l'« Unité Fonctionnelle » (le système étudié), ses frontières, et les objectifs de l'étude. Cela permet de s'adapter à des contextes variés (écoconception, prospective etc.). Loin des idées reçues, l'ACV est donc extrêmement souple.
- La seconde étape « Inventaire » est un bilan matière « du berceau à la tombe », permis par l'utilisation des outils développés par la recherche (logiciels, base de données) et hébergés au LabLCA.
- La troisième étape « Evaluation de l'impact » est la plus délicate conceptuellement. L'indicateur « Changement Climatique » est maintenant dans le débat public, mais la plupart des autres indicateurs (épuisement des ressources, empreinte eau, biodiversité etc.) sont encore des outils de recherche, sur lesquels nous travaillons.
- La dernière étape « Interprétation » est un retour sur l'ensemble du processus, avec si besoin des approfondissements. Une revue critique externe est parfois réalisée, améliorant l'étude et réduisant le risque lié à la communication. Cela a été le cas pour l'ACV du kWh nucléaire EDF.
L'ACV est donc une démarche particulièrement enrichissante, pour le demandeur et pour le praticien lui-même, car elle permet de renouveler la vision d'un produit ou d'un système. Et in fine, grâce à la reconnaissance de l'ACV, les arguments développés peuvent être valorisés dans le débat environnement !