Des travaux retardés pour protéger deux espèces rares

Quand la R&D d’EDF a décidé de s’implanter sur le plateau de Paris-Saclay, le centre de R&D a intégré dans sa réflexion architecturale la prise en compte de deux espèces rares et protégées, qui vivaient sur le site, même s’il s’agissait de construire ici le futur plus grand centre industriel de recherche et de formation en Europe... Le site a attendu que la première transplantation mondiale de l’Etoile d’Eau, une fleur rare, puisse avoir lieu dans les mouillères nouvellement créées sur le terrain. Le Triton Crêté a lui aussi fait l’objet d’une protection toute particulière. Un espace clôturé de plus de 500 m²est réservé à cette espèce qui ressemble à un petit lézard. Place à la recréation d’un cadre naturel pour permettre une cohabitation avec ces deux locataires particulièrement caractéristiques des milieux humides, des mares et des fossés.
A chaque printemps, une observation et un décompte sont réalisés par les services de l’environnement de la commune.

Une conception architecturale pensée “biodiversité”

Dès la phase d’étude des travaux en 2010, l’architecte paysagiste français de renom, Pascal Cribier, a imaginé un paysage herbé, naturel. Alors pas question de bétonner le terrain, seulement 35 % serait imperméabilisé pour permettre un minimum de déplacements entre les trois bâtiments. On a aussi anticipé la plantation des arbres en les commandant longtemps à l’avance, afin d’assurer une adaptation progressive des jeunes plants. De plus, 70 % de la flore sont des espèces endémiques.
Par ailleurs, sur les trois bâtiments qui composent le site, deux reçoivent du public, le troisième étant réservé au personnel EDF. Afin de permettre aux salariés de profiter de cet espace vert protégé, un ruisseau a été créé tout autour du bâtiment et des arbustes épineux permettent de délimiter cet espace de manière naturelle. L’eau du ruisseau sert aussi à l’arrosage des jardins et au drainage du site. Rien ne sert de gâcher, on recycle !

Le personnel EDF associé aux futurs projets

Comme le souligne le directeur du site, Hatem Marzouk : “ La protection de la biodiversité dans la durée ne peut se faire qu’avec la participation des Hommes.” Rassembler le personnel EDF et lui permettre de s’engager pour la biodiversité, là est tout l’objectif. C’est dans cet état d’esprit que le site entend créer dans les prochains mois des jardins potagers gérés par un collectif de salariés volontaires. Le site offre la possibilité de le faire et les salariés sont ravis d’être associés à ce type de projet. Autre action à l’étude que le directeur du site a à cœur de mettre en place prochainement : acheter ou louer une dizaine de ruches dont la production annuelle pourrait atteindre 250 kilos de miel par an.

Une politique 0 Phyto

Quand il s’agit de produits d’entretiens des espaces verts, EDF Lab les Renardières opte pour une politique O Phyto ! Sur ce site, on laisse la nature prendre racine là où elle le souhaite. Pas non plus de bruit de tondeuse : les jardiniers optent, dès que cela est possible, pour un arrachage manuel des herbes quand il faut nettoyer. L’herbe coupée est également ramassée manuellement, on évite ainsi un trop-plein d’azote sur les sols, et on respecte les espèces qui nichent au sol. Pour les entretiens des bosquets, place au paillage naturel en réutilisant les déchets verts. Retour aux pratiques ancestrales qui ont prouvé leur efficacité !

L’éco-pâturage pour une flore diversifiée

C’est un plaisir pour le personnel EDF du site de voir paître des moutons juste en dessous de leurs fenêtres… L’éco-pâturage est une pratique traditionnelle et naturelle, alors pourquoi s’en priver ! EDF Lab les Renardières n’en voit que des avantages : grâce au cycle naturel, à la digestion et aux excréments des moutons, l’entretien des sols se fait naturellement sans trop apporter d’azote sur les sols. L’éco-pâturage favorise aussi la préservation des espèces endémiques, on ne fauche pas, on ne tond pas, on laisse pousser ! Quelques espèces de fleurs sont d’ailleurs réapparues sur le site : la Vesce jaune, l’Ophrys araignée, l’Orchis homme-pendu, l’Orchis pyramidal et l’Ophrys abeille.

25 nichoirs éparpillés sur le site

Depuis 2007, EDF Lab les Renardières est partenaire de l’ANVL, l’Association des Naturalistes de la Vallée du Loing et du massif de Fontainebleau. Les observations saisonnières réalisées par l’association permettent de dresser un inventaire des espèces. Parmi les actions réalisées, 25 nichoirs ont notamment été placés sur site. On peut y voir des espèces telles que la Pie-grièche écorcheur, le Rougequeue à front blanc, ou le Geai des chênes. Sur le site, on trouve aussi une espèce de chauve-souris, le Murin de Daubenton, et de nombreux papillons (l’Azurée des Coronilles, La Petite Violette, l’Azurée des Cytises, ou encore le Flambé).

Des essais ADNe à partir du miel des abeilles

Connaissez-vous l’ADNe ? Il s’agit de l’ADN Environnemental, un processus de recherche qui permet de dresser un inventaire des espèces présentes dans un écosystème terrestre. Mais pourquoi les abeilles ? Le principe est le suivant : en effectuant des prélèvements de miel dans les ruches à différents moments de la saison apicole et en les analysant, on peut savoir quelle fleur a été butinée. L’objectif final ? Etre en mesure de connaître précisément la flore présente aux abords des ouvrages de production d’EDF, par le biais de cette méthode efficace et non intrusive. On sait que les abeilles peuvent butiner jusqu’à environ 7 kilomètres autour de leurs ruches. Le site EDF Lab Chatou a été précurseur en France dans l’usage de l’ADNe à partir du miel des abeilles. Ces premiers essais ont été menés en 2019, et de nouveaux tests auront lieu sur des sites de production d’EDF.

Une vingtaine de nichoirs occupés

En 2014, l’Association des Naturalistes des Yvelines a installé une vingtaine de nichoirs sur l’Ile de Chatou où se situe EDF Lab. Cette association a réalisé une cartographie de l’avifaune locale. Les observations annuelles ont permis d’étudier la fréquentation de certaines espèces d’oiseaux occupants ces emplacements. Chaque année, à la mi-avril débute la reproduction des petits passereaux, tels que la Mésange Charbonnière, le Pic, ou le pigeon Colombin.

Un hôtel à insectes pour repousser les parasites

Le personnel d’EDF Lab Chatou apprécie de pouvoir profiter d’une grande variété d’espèces sur le site. De nombreuses actions sont mises en place, testées, étudiées… Parmi elles, un hôtel à insectes a été installé depuis trois ans et s’avère bien peuplé aujourd’hui. Il faut en règle générale attendre entre 3 et 6 ans que le bois s’imprègne bien de l’humidité, afin d’offrir un habitat idéal aux insectes. Au-delà de l’aspect sensibilisation de l’hôtel à insectes, cette petite maison en bois permet surtout de repousser les insectes nuisibles et parasites (pucerons, chenilles, limaces…). Priorité aux insectes qui améliorent la floraison (abeilles, coccinelles, perce-oreilles…) !