Au-delà de l’obligation légale pour les collectivités de partager leurs données, l’open data constitue une véritable chance pour les territoires de booster leur attractivité. Mobilité urbaine, éclairage intelligent, smart building, management des systèmes énergétiques… Les données publiques permettent d’analyser l’activité d’une collectivité et d’en optimiser la gestion. Mais encore faut-il passer le cap !
L’ouverture des données publiques préfigure la ville data de demain
De plus en plus de collectivités prennent conscience de l’utilité de l’open data. L’ouverture des données publiques, prévue par la loi du 7 octobre 2016 pour une République numérique, est devenue une obligation pour les collectivités territoriales de plus de 3500 habitants et employant au moins 50 agents ou salariés. L’objectif est de permettre à tous les citoyens d’accéder à la data. Les données concernées par la loi sont considérées comme publiques lorsqu’elles sont produites ou reçues dans le cadre d’une mission de service public. Généralement, leur publication se fait sous la forme de documents administratifs numérisés, disponibles au sein de plateformes open data, véritables bases de données publiques. En mars 2019, l’observatoire Open Data des territoires recensait près de 170 plateformes de publication territoriales, ainsi que 35 plateformes de publication nationales. Les documents mis à disposition par l’administration sous forme électronique, doivent l’être « dans un standard ouvert, aisément réutilisable et exploitable par un système de traitement automatisé ».
De nombreuses données peuvent ainsi être communiquées. L’open data porte aussi bien sur les marchés publics, que sur les data liées aux transports ou à l’emplacement d’équipements sportifs. Par exemple, depuis le 1er octobre 2018, les collectivités locales doivent publier les données essentielles des contrats de marché public supérieurs à 25 000 euros HT.
Selon l’Observatoire Open data des territoires, 4 510 collectivités sont concernées par la mise en application du principe d’open data. En octobre 2018, cette association avait recensé 343 collectivités ayant joué le jeu, c’est-à-dire ayant publié à minima un jeu de données sur une plateforme open data. Les régions et les départements font partie des collectivités les plus engagées dans la démarche.
L’open data, un enjeu d’avenir pour les collectivités locales
L’ouverture des données publiques va avoir un impact croissant sur l’attractivité territoriale et sur l’économie locale. Elle transforme aussi la relation entre une ville et ses citoyens, grâce à une plus grande transparence. L’exploitation des données, si elle est intelligemment mise en œuvre, constitue également une source de valeur ajoutée. La mise en ligne de la data pour une collectivité est l’occasion pour celle-ci, en interne, de moderniser ses outils et ses modes de fonctionnement.
Avec l’open data, des bases de données aux bénéfices multiples
Open data et attractivité territoriale
Pour les villes, l’open data est un atout indéniable pour favoriser l’attractivité territoriale. Séduire de nouveaux habitants, des touristes et des entreprises repose sur plusieurs facteurs. La mise en ligne des données publiques locales en fait désormais partie, grâce aux multiples applications qui facilitent la vie des citoyens. Par exemple, la connaissance en temps réel des modes de transports disponibles, l’information personnalisée des offres de services existantes dans tel ou tel quartier, sont des aides précieuses pour les résidents et les visiteurs. Les données sur la consommation énergétique d’un territoire ou d’utilisation des énergies renouvelables, facilitent la mise en œuvre des opérations d’efficacité énergétique. Un bon moyen d’aller vers la transition énergétique !
L’ouverture et le partage des données aident aussi les villes à optimiser la gestion de l’espace urbain. Les équipes de Citégestion, filiale de Citelum (groupe EDF) ont ainsi développé le logiciel MUSE®, une plateforme collaborative qui permet de piloter de manière centralisée toutes les infrastructures électriques urbaines connectées. Celles-ci sont de plus en plus nombreuses : éclairage public, vidéoprotection, bornes de recharge de véhicules électriques, smart parking, etc. Avec MUSE®, une commune peut réaliser l’inventaire précis des équipements électriques et des réseaux associés (grâce à des services de géolocalisation, cartographie, référencement), organiser les interventions sur le terrain et réaliser des économies de maintenance et d’énergie. Elle dispose aussi d’indicateurs de performance pertinents et est en capacité de communiquer des chiffres-clés auprès des citoyens.
En 2012, Citelum a signé un partenariat avec la ville de Sant Cugat en Espagne pour 12 ans. L’objectif : améliorer l’exploitation et la maintenance de l’éclairage, la régulation du trafic et le suivi des interventions tout en renforçant la sécurité et le bien-être des habitants de la ville. Grâce au pilotage des données générées par les différents équipements, la ville a pu installer des dispositifs de régulation du trafic (caméras et capteurs de flux de véhicule) tout en optimisant la gestion des 19 000 points lumineux et des carrefours à feux. Elle a également réalisé 30% d’économies d’énergie trois ans après le démarrage du contrat, notamment grâce à une connaissance plus fine de l’éclairage urbain et le remplacement de luminaires.
L’ouverture des données publiques contribue aussi à redynamiser les centres-villes. Les commerces peuvent par exemple adapter leurs horaires d’ouverture en tenant mieux compte de la fréquentation de certaines rues, calculée à partir des flux piétonniers par tranche horaire.
Open data et développement économique
Facteur positif pour l’économie locale, l’exploitation des données ouvre des marchés innovants, susceptibles d’attirer des start-up ou de créer de l’activité complémentaire pour les entreprises du territoire. En effet, la donnée publique constitue une source inépuisable pour développer des logiciels, des services et des applications innovantes. Outils de visualisation des monuments historiques, menus de cantine ou principales données de consommation et de production d’énergie à l’échelle d’une intercommunalité, les idées ne manquent pas. Les développeurs d’applications apportent une valeur ajoutée grâce à leur savoir-faire acquis dans l’exploitation de la data et peuvent se rémunérer en proposant des options payantes pour accéder à certains types de données.
De plus, ces applications encouragent une consommation intelligente des biens et des services d’un territoire grâce à une utilisation optimisée. C’est le cas par exemple pour les transports publics grâce aux applications intelligentes calculatrices de trajet. Grâce à la donnée, l’application MyBus permet en temps réel d’informer les usagers des prochains passages des transports durables de la ville tout en optimisant leurs trajets.
Enfin, l’open data fait appel à des compétences nouvelles et incite les collectivités à former et à recruter d’autres profils : administrateur et administratrice de bases de données, chef et cheffe de projet open data, data editor… Ce qui favorise l’innovation au sein des équipes et le déploiement des projets data sur tout le territoire. L’ouverture des données publiques est une véritable mine d’innovations et d’opportunités économiques et environnementales pour les territoires.