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Au sein du service conduite, 7 équipes de quart assurent 24H/24 et 7J/7 la surveillance et le pilotage de deux réacteurs. A la tête de chaque équipe, le chef d’exploitation est responsable, par délégation du directeur d’unité, de la sûreté des installations. Après la validation de leur jury en décembre 2023, suivie de plusieurs mois de formation, de périodes de quart en doublure et d’évaluations, Antoine et Yannis viennent de prendre la tête d’une équipe de quart. Une responsabilité qu’ils abordent avec fierté et humilité. Rencontre …

Antoine, Yannis, pouvez-vous nous décrire les grandes lignes de votre parcours ? 

Antoine : Je suis titulaire d’un diplôme d’ingénieur, avec une spécialité automobile. Ce secteur étant peu porteur en 2012 (le diesel gate avait beaucoup ralenti les recrutements), j’ai saisi l’opportunité de rejoindre EDF dans une entité d’ingéniérie à Marseille, en tant qu’ingénieur d’études. Après l’ingénierie, j’ai souhaité me rapprocher d’un site en exploitation, pour être au plus près de la machine. Je suis arrivé à la centrale de Saint-Alban en 2017, en tant qu’opérateur en formation au service conduite. J’ai été habilité opérateur à l’été 2018, avant d’être nommé pilote(*) mi-2021. 

J’ai toujours eu pour objectif d’être chef d’exploitation, je suis donc ravi d’engager ce nouveau départ. J’ai pris la tête de l’équipe B le 3 juillet. Je succède à Sébastien, qui a pris un autre poste au sein du service conduite.  

Yannis : J’ai un diplôme d’ingénieur généraliste, avec une dominante énergie environnement. Ma première expérience professionnelle s’est déroulée à AREVA (ex FRAMATOME) où j’ai travaillé pendant un an sur le démantèlement. Comme Antoine, j’aspirais à intégrer une centrale nucléaire en exploitation, et me rapprocher du process. J’ai répondu à une offre du service formation de Saint-Alban pour un poste de formateur process. J’ai notamment animé des formations sur le simulateur pleine échelle pour les salariés du service conduite. Cette expérience de formation a été très riche tant sur le plan professionnel que personnel. En 2019, j’ai souhaité rejoindre le service conduite, puisque j’avais, comme Antoine, comme objectif moyen terme de devenir chef d’exploitation …. J’ai d’abord intégré le projet d’arrêt en tant que responsable de sous-projet exploitation sur les visites partielles de 2019 et 2020. Là aussi, c’était une expérience très formatrice, pour mieux connaître le fonctionnement d’un projet et développer de nouvelles compétences. J’ai ensuite fait quelques mois en salle de commande, en tant qu’opérateur, avant de prendre un poste de pilote de réacteur, poste que j’ai occupé pendant 2,5 ans. 

J’ai passé mon jury début décembre, en même temps qu’Antoine. Je prendrai pour ma part mes fonctions début août, dans l’équipe D, en remplacement de Cédric, qui va davantage se consacrer à la préparation des 4èmes visites décennales. 

Quel cursus de formation faut-il suivre pour devenir chef d’exploitation ? 

Antoine : La phase de préparation est plus ou moins longue selon notre métier de départ mais le pré-requis est bien sûr de posséder une bonne expérience du process, puisque l’habilitation opérateur est un préalable. La première étape, essentielle, consiste à bien se préparer individuellement. Nous devons ensuite passer un jury devant un collectif composé de membres de l’état major de la Division Production Nucléaire, d’un expert conduite, d’un expert sûreté et d’un directeur délégué d’un autre site nucléaire. Notre chef de service assiste à ce jury en fond de salle. 

Yannis : Une fois le jury validé, nous avons suivi un cursus de formation spécifique, constitué d’une semaine de formation par mois sur une durée de 5 mois. En parallèle, nous avons réalisé des doublures en quart avec des chefs d’exploitation habilités ainsi que différentes missions de service notamment sur les arrêts programmés pour maintenance. 

Une fois la formation terminée, quelles étapes faut-il franchir pour être habilité ?

Antoine : Le chef d’exploitation est habilité conjointement par le chef du service conduite, sur la base d’observations en situation de travail sur les différents gestes-clés (évaluation de sûreté, animation de la relève et des points performance des unités …) et par le directeur d’unité qui nous fait signer une lettre de délégation nous accordant la responsabilité de la production et de la sûreté des deux réacteurs en temps réel. 

Quelles sont les principales motivations qui vous ont poussés à devenir chef d’exploitation ? 

Antoine : C’est un poste-clé qui permet de concilier la proximité avec le process – on est en première ligne vis-à-vis de la machine - et le management d’une équipe. Cette facette management m’attirait particulièrement. C’est un challenge passionnant que de contribuer au développement des compétences de son équipe, d’échanger ensemble sur les sujets techniques. Dans une équipe de quart en 3x8, on tisse des relations différentes, qui sont très fortes. 

Être chef d’exploitation, c’est être garant de la sûreté des unités par délégation du directeur. C’est un enjeu très fort et une grosse responsabilité, qui nous engage au quotidien, tant vis-à-vis du groupe EDF que du grand public.

Yannis : Je partage à 100 % le point de vue d’Antoine sur le contact avec la machine et le rôle-clé du chef d’exploitation dans l’organisation du site. Comme lui, depuis mon embauche à EDF, j’ai toujours eu envie de faire du management. Être chef d’exploitation me permet donc de concrétiser ce souhait. Je me réjouis de cette nouvelle aventure, avec ma future équipe !

Merci Antoine et Yannis et bonne continuation dans vos nouvelles fonctions !

Légende photo : Ils ont passé leur jury le même jour et suivi la formation chef d’exploitation en même temps. Antoine (à gauche sur la photo) et Yannis ont préparé ensemble leur prise de fonction au sein de leur équipe de quart respective. 

(*) En salle de commande sont toujours présents en permanence deux opérateurs et un pilote. Les opérateurs assurent le pilotage des réacteurs et la surveillance des paramètres-clés de l’installation. Le pilote, installé à l’entrée de la salle de commande, a pour rôle de gérer les relations entre les opérateurs et les représentants des projet et des métiers. Il est la porte d’entrée de la salle de commande, tant pour les sollicitations physiques que téléphoniques. Sa mission la plus importante est de superviser la surveillance en salle de commande. Son recul lui permet de garder la « tête haute » sur les activités sensibles qui vont se dérouler sur le quart, les enjeux sûreté associés….