Événements significatifs du domaine sûreté concernant la centrale nucléaire de Paluel, déclarés au niveau 0 sous l’échelle INES en janvier 2025.
Non-respect de la périodicité d’un essai périodique
Les règles générales d’exploitation* prescrivent la réalisation, tous les deux ans, d’un essai périodique** visant à contrôler le remplacement d’un capteur de vitesse sur une turbine à combustion***. Le 16 mai 2024, la maintenance de la turbine à combustion est réalisée sans toutefois changer le capteur de vitesse. Celui-ci est remplacé le 18 janvier 2025 et l’essai périodique est réalisé. Or, la butée réglementaire de l’essai était fixée au 14 septembre 2024. Cet évènement n’a pas eu de conséquence sur la sûreté des installations mais constitue un non-respect des spécifications techniques d’exploitation. Malgré le dépassement de l’essai, la turbine à combustion est toujours restée disponible.
*Les règles générales d’exploitation (RGE) sont un recueil de règles approuvées par l’Autorité de sûreté nucléaire qui définissent le domaine autorisé de fonctionnement de l’installation et les prescriptions de conduite associées
** Les essais périodiques permettent de vérifier le bon fonctionnement de l’installation après la réalisation d’une modification.
***Ce matériel permet, en cas de perte des sources électriques internes et externes de la centrale, l’alimentation électrique des systèmes de secours.
Indisponibilité d’un matériel de mesure de l’activité radiologique en zone nucléaire
Chaque réacteur à eau sous pression est équipé d’un système de mesure, appelé chaîne KRT, permettant de surveiller l’activité radiologique à l’intérieur des circuits, des bâtiments ou sur le site.
Le 16 janvier 2025, l’unité de production n°2 est en production et à disposition du réseau électrique national. Dans le cadre de la manipulation d’un matériel irradiant à proximité d’une chaîne KRT, les équipes de la centrale mettent en place une protection biologique afin que la chaîne de mesure ne se déclenche pas. L’activité de manipulation du matériel irradiant est finalement annulée.
Le 18 janvier 2025, lors d’une surveillance en local, il est constaté la présence de la protection biologique. Celle-ci obstrue la détection de la sonde de la chaîne KRT. Celle-ci est alors déclarée indisponible.
Cet événement constitue un non-respect des règles générales d’exploitation. Les équipes de la centrale ont retiré la protection biologique afin de rendre à nouveau disponible le système de mesure.
Non-conformité d’un émulseur dans un circuit de protection incendie
La centrale nucléaire de Paluel compte 8 groupes électrogènes de secours* qui sont alimentés par des bâches à fuel. Ces bâches disposent d’un circuit de protection incendie qui prévoit l’injection d’eau avec un émulseur.
Le 23 janvier 2025, un contrôle met en évidence que le type d’émulseur et sa concentration présents dans le circuit remettent en cause l’efficacité de la fonction de protection incendie des bâches depuis sa mise en service sur l’installation. Le remplacement de l’émulseur et sa concentration sont en cours afin de respecter l’exigence définie dans les règles générales d’exploitation.
* Chaque centrale nucléaire est équipée de deux groupes électrogènes de secours à moteur diesel. En cas de perte des deux sources électriques externes, ces groupes permettent d’alimenter en électricité et assurer le fonctionnement des systèmes de sauvegarde qui seraient mis en œuvre en cas d'accident.
Insuffisance organisationnelle dans le cadre d’une intervention de maintenance
En décembre 2024, l’unité de production n°3 est à l’arrêt pour visite partielle programmée.
Dans le cadre de travaux de maintenance, 4 vannes du circuit de contournement vapeur de la turbine* sont contrôlées entre le 18 et le 23 décembre 2024. Lors de la réalisation concomitante d’interventions sur des matériels identiques ayant la même fonction de sûreté, des parades spécifiques doivent être mises en place afin d’éviter une non-qualité d’intervention pouvant affecter l’ensemble des matériels (prise en compte dite du « mode commun »).
Le 16 janvier 2025, les essais de requalification* des 4 vannes sont conformes. Un contrôle, réalisé a posteriori note cependant une insuffisance des dispositions organisationnelles visant à se prémunir du risque de « mode commun ». Cet événement a conduit la centrale a déclaré un événement significatif pour la sûreté au niveau 0 sous l’échelle INES.
*Ce circuit a pour rôle d’évacuer la vapeur produite dans le circuit secondaire vers l’atmosphère, dans certaines phases d’exploitation normales du réacteur.
**Ces essais permettent de vérifier le bon fonctionnement de l’installation après la réalisation d’une modification.
Événement significatif du domaine environnement concernant la centrale nucléaire de Paluel, déclaré en janvier 2025.
Déclaration d’un événement significatif environnement relatif au contournement des voies normales de rejets d’effluents
Le fonctionnement d’une centrale nucléaire requiert de l’eau déminéralisée notamment pour alimenter le circuit primaire et le circuit secondaire des installations. A la centrale nucléaire de Paluel, cette eau provient de l’eau douce prélevée dans la Durdent. Elle est ensuite traitée dans une station de déminéralisation. Cette production d’eau déminéralisée génère des effluents qui sont orientés vers deux fosses dites « de neutralisation » via trois réseaux de collecte. Une mesure réglementaire de l’acidité des effluents est réalisée avant d’autoriser le rejet des fosses de neutralisation dans la mer*. L’ensemble de cette installation est situé en dehors de la zone nucléaire.
Le 19 novembre 2024, les équipes de la centrale constatent, des incohérences entre le volume d’effluents généré et celui collecté dans la fosse de neutralisation. Plusieurs hypothèses sont alors émises concernant l’origine de ces incohérences et font l’objet d’une instruction par le site.
Cette démarche a conduit à remettre en cause l’étanchéité d’un des réseaux de collecte des effluents. Le 8 janvier 2025, le réseau de collecte concerné est mis hors service afin d’éviter une nouvelle perte d’effluents.
Des investigations approfondies mettent en évidence, sous le revêtement, la formation d’un passage laissant entrevoir le milieu naturel. Après analyse, la perte estimée des effluents n’ayant pas rejoint la fosse de neutralisation via les voies normales de rejet est estimée, sur les trois mois écoulés, de façon majorée à 1760 m3. Parmi ce volume majoritairement constitué d’eau, environ 10 m3 contiennent de l’acide sulfurique et de la soude.
Cet événement a été déclaré par la centrale nucléaire de Paluel le 31 janvier 2025 comme un événement significatif pour l’environnement dans le cadre d’un rejet d’effluents par une voie non dédiée.
*Le fonctionnement normal d’une station de déminéralisation comporte une production d’effluents contenant de l’eau ainsi que des résidus chimiques (dont l’acide sulfurique et de la so ude) qui sont dilués dans une fosse de neutralisation. Ils sont ensuite analysés avant d’être rejetés en mer dans le respect de la réglementation.