Pour son 63ème exercice, la FARN était d’entrainement sur Flamanville du 17 au 20 septembre. Ainsi, mardi 17 septembre dernier, tous les salariés de la centrale de Flamanville ont entendu les messages sonorisation « exercice, exercice, tous les équipiers d’astreinte doivent rejoindre leur poste de travail ». Très rapidement, les lieux se sont colorés des tenues rouges de la FARN. Retour sur cet exercice dimensionnant.
Pour les besoins du scenario, la centrale de Flamanville est balayée par des vents violents, les embruns de la mer remontent au-dessus de la digue, les toitures s’envolent, l’alimentation électrique ne fonctionne plus ; on a l’impression de vivre la tempête Ciaran de novembre 2023, puissance dix. Le scénario de ce nouvel exercice PUI s’inspirait en effet de cet épisode, en le dégradant encore davantage…
Côté centre de crise local, tous les équipiers d’astreinte se rejoignent dès le signal de regroupement à 8h45, font le point sur la situation et prennent les premières mesures afin de maintenir les fonctions de sûreté des 3 réacteurs. Des observateurs de l’exercice circulent dans les différents boxes en prenant des notes : les bonnes pratiques et celles à améliorer sont prises en compte, dans un souci d’amélioration continue permanent.
Sur le terrain, la Force d’action rapide du nucléaire (FARN) remplit son rôle. Venus littéralement des quatre coins de France (Dampierre, Paluel, Civaux et Bugey), les quelque 100 équipiers de la FARN déploient leur matériel : des camions, des manitous, tuyaux en tout genre, câbles électriques, groupes électrogènes, etc. « Notre mission, c’est de réalimenter électriquement une partie de l’installation pour redémarrer le diesel d’ultime secours de l’EPR. Dans le scénario, le réacteur a perdu la totalité de ses alimentations électriques, les 4 diesels principaux n’ont pas fonctionné. La FARN est là pour réalimenter en ultime secours. Ça passe par 11 groupes électrogènes de 380 v reliés à un conteneur transformateur, relié lui-même à l’EPR : on va réalimenter les auxiliaires pour la mise en sécurité du réacteur. » explique Nicolas, qui a travaillé à l’organisation de l’exercice.
La FARN est aussi présente du côté de Biville, sur une base déportée. Cette base arrière se trouve dans l’exercice plus à l’abri des conditions climatiques scénarisées. Elle abrite l’équipe de commandement, et si besoin, la logistique de vie pour héberger, et nourrir les équipiers. De manière générale, la FARN est une unité unique au monde, très polyvalente, qui sait intervenir sur tous les paliers du parc français et tout type de mission impliquant de réalimenter un site nucléaire en eau, en air et en électricité. Cet exercice à Flamanville est assez particulier, même pour ces experts des secours externes : « c’est la deuxième fois que nous mettons en place la centrale électrique mobile (CEM) sur un site ; la première fois c’était pour requalifier l’installation » Nicolas précise. Première fois donc, en exercice !
« A Biville, la partie tête haute de l’exercice était réunie, avec des représentants direction de la centrale de Flamanville et direction de la FARN. Des deux côtés, nous sommes contents de l’exercice, tout s’est bien passé. Nous avons pu tester et éprouver la bonne coopération entre la FARN et la centrale de Flamanville, chacun repart de son côté avec de bons retours et la satisfaction d’un exercice réussi ! Le lendemain avec le directeur de la FARN, nous avons débriefé et présenté ce bilan à la presse et aux parties prenantes qui seraient des interlocuteurs en cas de crise réelle. Ainsi, la préfecture, le président de la Commission locale d’information (CLI), et les élus de proximité étaient présents. » Jannick Guillas, directeur sûreté de l’EPR.
Le saviez-vous ? La FARN a été créée en 2011, après Fukushima. Elle est pleinement opérationnelle depuis 2016. Elle est composée de 4 bases régionales (Bugey, Civaux, Dampierre et Paluel) et compte 300 salariés formés à l’exploitation nucléaire et à l’intervention d’urgence. L’objectif de la FARN est d’intervenir dans les domaines de la conduite/exploitation, de la maintenance et de la logistique sur un site en situation d’accident pour retrouver eau et électricité en moins de 24h, avec un début d’intervention en 12h. Pour y arriver, elle dispose de moyens autonomes pour éviter de solliciter les pouvoirs publics et/ou d’autres intervenants en situation de catastrophe.
La FARN réalise 4 à 5 exercices par an. Chaque exercice demande 5 mois de préparation avec le site d’accueil. C’est le 2ème exercice que joue la FARN sur le site, avec la mise en place de sa base arrière.