Retour à l'accueil de la centrale

Il y a 50 ans, le 30 novembre 1974 paraissait dans les colonnes de la Presse de la Manche un article qui allait marquer l'histoire du CNPE

Sur les falaises escarpées et venteuses de la côte ouest du Cotentin, là où la mer se heurte aux rochers avec une force indomptable, se dresse la centrale nucléaire de Flamanville. Ce site, notre site, aujourd’hui symbole de la puissance énergétique française, a une histoire riche et tumultueuse, marquée par des décisions politiques audacieuses et des événements locaux déterminants.

Un petit wagon nous invite au voyage et à l’imaginaire. Tout droit sorti d’un film de James Bond ou d’Indiana Jones. Il est toujours là. Usé par la tâche, rouillé par les années. Ce petit wagon se dresse fièrement devant l’entrée de l'espace EDF Odyssélec sur son socle de granit et fait face au temps qui passe, aux intempéries, aux caprices des vents qui lui donne la charge. Il est vide et pourtant chargé d’une histoire incroyable. Derrière lui, il nous transporte. Du port de Diélette, à plus de 150 mètres des profondeurs marines au XIXe siècle, jusqu’à la fission atomique d’aujourd’hui. Véritable trait d’union entre deux mondes séparés par des siècles d’effort.

Le wagon de l'espace EDF Odyssélec de Flamanville

La mine de fer

La mine de fer de Flamanville, exploitée depuis le XIXe siècle a fermé ses portes le 21 juillet 1962. Cette fermeture a marqué la fin d’une ère industrielle ouvrant la voie à un nouveau projet énergétique bas carbone. La mine, connue pour son exploitation sous-marine unique en France, a laissé un héritage géologique et industriel important.

Une mine sous la mer

La mine de Flamanville, également connue sous le nom de mine de Diélette, n'était pas une mine ordinaire. Elle se trouvait sous la mer, avec des galeries s'étendant sur 15 kilomètres à une profondeur de 150 mètres. Imaginez les mineurs travaillant sous les vagues, avec des pompes fonctionnant en permanence pour empêcher l'eau de mer d'envahir les tunnels !

Une histoire mouvementée

L'histoire de la mine est aussi fascinante que son emplacement. Après une première tentative d'exploitation en 1862, rapidement interrompue par l'inondation des galeries, l'exploitation a repris en 1877. La mine a connu plusieurs propriétaires, dont l'allemand August Thyssen, qui espérait une production massive de minerai. Cependant, la Première Guerre mondiale a mis un frein à ces ambitions, et la mine a été mise sous séquestre.

Tout a basculé il y a 50 ans…

Le 30 novembre 1974, il y a tout juste 50 ans, dans les colonnes de la Presse de la Manche, une annonce a fait trembler la terre flamanvillaise, houleuse période d’une décision de construire une centrale nucléaire à Flamanville. Une annonce qui a suscité de nombreuses réactions et a marqué le début d'un projet ambitieux pour la région. Sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing, le Premier ministre Pierre Messmer a pris la parole pour annoncer une accélération du programme nucléaire français. Il a souligné la nécessité de réduire la dépendance au pétrole et a présenté un plan pour construire 13 nouvelles centrales nucléaires de 1 000 MW chacune.

Pierre Messmer au micro de Jean-Marie Cavada

Une annonce dans la presse quotidienne régionale surprend tout le monde

C’est en lisant son journal que le maire de Flamanville, Henri Varin apprendra la nouvelle. Tout comme l’ensemble de ses administrés.

Cette nouvelle, accueillie avec un mélange d'espoir et d'appréhension, marque le début d'une transformation radicale pour la région. La centrale promet de revitaliser l'économie locale qui était en déclin depuis la fermeture de la mine, mais suscite également des débats sur les risques environnementaux et sanitaires.

Une annonce historique

L'article de La Presse de la Manche a détaillé les plans ambitieux pour la centrale, soulignant l'importance de ce projet pour la production d'énergie en France. À une époque où la crise pétrolière faisait rage, la France cherchait des alternatives pour assurer son indépendance énergétique. La centrale de Flamanville, avec ses réacteurs de nouvelle génération, était présentée comme une solution prometteuse.

Un projet d'envergure

La construction de la centrale nucléaire de Flamanville représentait un défi technique et logistique majeur. L'article décrit les étapes prévues pour la réalisation du projet, depuis les études préliminaires jusqu'à la mise en service des réacteurs. Il souligne également l'importance des mesures de sécurité et des technologies de pointe qui seraient mises en œuvre pour garantir le bon fonctionnement de la centrale.

Un héritage durable

Aujourd'hui, la centrale nucléaire de Flamanville est un élément clé du paysage énergétique français. Elle continue de jouer un rôle crucial dans la production d'électricité, contribuant à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et à la transition énergétique. L'annonce de sa construction, il y a cinquante ans, reste un moment historique pour la région et pour la France.

En revisitant cet article de La Presse de la Manche, nous pouvons apprécier l'impact durable de cette décision et réfléchir aux défis et aux opportunités qu'elle a engendrés. La centrale de Flamanville est plus qu'une simple installation industrielle ; elle est un symbole de l'innovation et de la résilience de la Normandie.

Le référendum de Flamanville du 6 avril 1975

Le 6 avril 1975, un référendum local est organisé à l’initiative d’Henri Varin à la mairie de Flamanville. 435 voix pour l’implantation de la centrale nucléaire et 260 voix contre. Avec 64 % des voix en faveur du projet, la population locale donne son accord, malgré les inquiétudes. Ce vote marque un tournant décisif, validant la construction de la centrale et scellant le destin énergétique de la commune.

Le Plan Messmer visait à garantir l'indépendance énergétique de la France et à stabiliser les coûts de l'énergie face aux fluctuations des prix du pétrole. Il a marqué le début d'une période de forte expansion du parc nucléaire français, avec la construction de nombreuses centrales dans les années suivantes.

Un contexte de crise énergétique

À l'époque, la France était en pleine crise énergétique, cherchant des alternatives au pétrole pour assurer son indépendance énergétique. Le gouvernement avait lancé un vaste programme de développement nucléaire, et Flamanville avait été choisie comme site potentiel pour une nouvelle centrale

Une consultation démocratique

Le référendum du 6 avril 1975 a été un exemple de démocratie locale. Les habitants de Flamanville ont été invités à voter pour ou contre la construction de la centrale nucléaire. Ce vote a été précédé de mois de débats intenses, où les avantages économiques et les préoccupations environnementales ont été largement discutés

Les réactions et conséquences

La décision de construire la centrale a été accueillie avec un mélange de soulagement et d'inquiétude. D'un côté, les perspectives économiques étaient prometteuses, avec l'arrivée de nouveaux emplois et d'infrastructures. De l'autre, des préoccupations concernant la sécurité nucléaire et l'impact environnemental persistaient

Un héritage durable

Le référendum de 1975 reste un moment historique, symbolisant la capacité des communautés locales à influencer des décisions majeures ainsi que l'importance de la participation citoyenne dans les décisions énergétiques. Cela a permis de réfléchir aux défis et opportunités qu'elles engendrent. Le référendum de Flamanville est plus qu'un simple vote ; c'est un témoignage de l'engagement démocratique et de l'innovation normande.

 

L'histoire de la centrale nucléaire de Flamanville est une épopée marquée par des défis et des triomphes. De la fermeture de la mine de fer à la mise en œuvre de la politique nucléaire française, chaque étape a contribué à faire de Flamanville un pilier de l'énergie nucléaire en France. Aujourd'hui, la centrale continue de jouer un rôle crucial dans la production d'énergie et la transition vers des sources d'énergie plus durables. Le 30 novembre 2024, jour de la parution de l’article rédigé par René Moirand il y a tout juste 50 ans dans le journal "Presse de la Manche", restera une date mémorable dans l’histoire du site nucléaire de Flamanville. Le plan Messmer a ainsi jeté les bases de ce qui deviendra l'un des plus grands parcs nucléaires au monde.