Détection tardive de l’implantation de paramètres erronés dans le système de protection du réacteur
Lors du redémarrage d’un réacteur après un arrêt pour maintenance, des essais physiques en puissance sont réalisés afin de vérifier que les données théoriques du cœur correspondent bien aux mesures effectuées en réel. Le réglage des systèmes de protection du réacteur (on parle également d’implantation de paramètres) est réalisé au fur et à mesure de la montée en puissance qui se fait sous la forme de « paliers » de puissance.
Le 27 juillet 2024, l’unité de production n°1 est en cours de redémarrage, suite à la réalisation d’un arrêt pour maintenance programmé.
Le 28 juillet, suite aux essais physiques au palier de 80% de puissance qui autorise la montée à 100%, les protections du réacteur qui auraient dû être recalées à la hausse sont restées réglées sur les valeurs précédentes.
Le 29 juillet, les équipes d’EDF détectent une anomalie de calibrage du système de protection du réacteur de l’unité de production n°1, non conforme avec sa puissance.
Suite à cette détection, la puissance du réacteur est abaissée et l’implantation des paramètres corrigée.
Cet événement n'a eu aucun impact sur la sûreté de l'exploitation, les protections des réacteurs étant toujours restées pleinement disponibles. Il a été déclaré le 2 août 2024 à l'Autorité de sûreté nucléaire au niveau 0 de l'échelle INES.
Détection tardive d’une non-qualité de maintenance sur un robinet du circuit d’échantillonnage nucléaire
Le 31 juillet 2024, les équipes d’EDF détectent une absence de débit sur les chaines de mesure d’activité d’un des quatre générateurs de vapeur, de l’unité de production n°1.
Ce système de mesure permet la détection d’une éventuelle fuite entre le circuit primaire et le circuit secondaire, à l’intérieur des générateurs de vapeur.
Les équipes établissent que ce dysfonctionnement provient de l’inétanchéité d’un robinet du circuit d’échantillonnage nucléaire, ayant pour origine une non-qualité de maintenance. Le matériel est remis en conformité et requalifié le lendemain, après intervention.
Cet événement n’a pas eu d’impact sur la sûreté des installations, aucune fuite n’ayant été constatée entre les circuits primaires et secondaires durant l’indisponibilité des chaines de mesure d’activité. Cependant, en raison de la détection tardive du non-respect des spécifications techniques d’exploitation*, la centrale nucléaire de Civaux a déclaré le 5 août 2024 à l’Autorité de sûreté nucléaire, comme événement significatif de sûreté de niveau 0 sur l’échelle INES, qui en compte 7.
* Le pilotage d’un réacteur s’inscrit dans un cadre de prescriptions, parmi lesquelles les spécifications techniques d’exploitation (STE), qui recueillent l’ensemble des règles à respecter pour la conduite des installations.
Écart de conformité d’une règle d’essai
La maintenance des centrales nucléaires est organisée selon des cycles numérotés (chaque cycle dure entre 12 et 18 mois), rythmés par le remplacement du combustible nucléaire.
Un essai de démarrage manuel du diesel d’ultime secours* doit être effectué pendant chaque cycle selon des règles d’alternance. Le système de démarrage comporte deux électrovannes, l’action sur une seule d’entre elles permet le démarrage du diesel.
Selon les règles d’alternance, l’essai de démarrage doit être réalisé avec une électrovanne précise (pendant les cycles pairs), ou l’autre (pendant les cycles impairs).
Le 19 juillet 2023, les équipes d’exploitation de la centrale de Civaux réalisent l’essai périodique sur l’unité de production n°2, cycle combustible n°19 en cours. Lors de l’essai, une erreur est commise et celui-ci est réalisé en « cycle pair » plutôt qu’en « cycle impair », impliquant la manœuvre de la mauvaise électrovanne.
Le 15 mars 2024, le cycle combustible n°20 de l’unité de production est engagé à la suite d’un arrêt programmé pour simple rechargement.
Dans le cadre de la réalisation d’un contrôle des équipes de la centrale, l’anomalie est détectée. Un nouvel essai est alors réalisé sur l’électrovanne « cycle impair » et est déclaré satisfaisant.
Bien que le diesel d’ultime secours soit resté disponible et non utilisé, l’absence de d’essai de redémarrage sur l’électrovanne « cycle impair » constitue un non-respect de la règle d’essai et est redevable de la déclaration d’un événement significatif de sûreté (au niveau 0 de l’échelle INES).
*Le diesel d’ultime secours (DUS) est une alimentation électrique de secours