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Sur les centrales nucléaires, de nombreux systèmes sont doublés et situés sur deux « voies » différentes, A et B, séparées physiquement et électriquement l’une de l’autre, afin d’assurer la disponibilité d’une voie en cas de défaillance de la seconde. C’est le cas notamment du système de sauvegarde d’aspersion enceinte (qui consiste à asperger de l’eau à l’intérieur de l’enceinte de confinement du réacteur pour en maitriser la pression en cas d’accident).

Les 16 et 17 mai 2024, dans le cadre de l’arrêt programmé en cours, les équipes d’exploitation de la centrale de Civaux condamnent en position fermée des vannes d’isolement de réservoirs de soude sur les deux voies (A et B) de l’unité de production n°1, afin de réaliser la maintenance en toute sécurité. Les réservoirs de soude seraient utilisés pour limiter le relâchement de substances radioactives à l’intérieur l’enceinte de confinement en cas d’accident.

Le 18 juillet, dans le cadre des opérations de redémarrage de l’unité de production, les spécifications techniques d’exploitation (STE)* requièrent la disponibilité des deux réservoirs à soude. Or, le 22 juillet, un essai périodique sur le circuit d’aspersion de l’enceinte de la voie A met en lumière un débit d’injection de soude non conforme aux règles d’exploitation.
Un contrôle est alors effectué sur le matériel par un agent de terrain, qui constate que la vanne est en position fermée. Il la remet immédiatement en conformité. 
Par précaution, l’équipe décide de contrôler la position de cette même vanne sur la voie B et s’aperçoit qu’elle est également à tort en position fermée. Celle-ci est également immédiatement rouverte.          

La fermeture simultanée de ces deux vannes a généré l’indisponibilité de l’injection de soude durant quatre jours. Or, la conduite à tenir décrite par les STE demande d’interrompre les opérations de montée en puissance et température de l’unité de production (dans le cadre du redémarrage) sous 24 heures dès lors que l’injection de soude est indisponible. L’aspersion en eau est, quant à elle, restée disponible sur les deux voies, permettant, en cas d’accident, la maitrise de la pression de l’enceinte.

En raison de sa détection (dite tardive car détectée a posteriori), la centrale nucléaire de Civaux a déclaré ce non-respect d’une spécification technique d’exploitation le 24 juillet à l’Autorité de sûreté nucléaire, comme événement significatif de sûreté de niveau 1 (anomalie) sur l’échelle INES, qui en compte 7.

*Le pilotage d’un réacteur s’inscrit dans un cadre de prescriptions, parmi lesquelles les spécifications techniques d’exploitation (STE), qui recueillent l’ensemble des règles à respecter pour la conduite des installations.