Les retenues hydroélectriques mobilisées pour compenser le faible débit de la Garonne
Le mercredi 1er juillet à l'Espace EDF Bazacle, Etienne Guyot, préfet de la région Occitanie, préfet de la Haute-Garonne et préfet coordonnateur du bassin Adour-Garonne, Jean-Michel Fabre, président du SMEAG, Guillaume Choisy, directeur générale de l'Agence de l'eau Adour-Garonne et Franck Darthou, directeur d'EDF Hydro Sud-Ouest, délégué de bassin et coordonnateur de l'eau Grand Sud-Ouest, ont renouvelé le contrat de coopération qui encadre la mobilisation des retenues hydroélectriques pour soutenir les débits de la Garonne. Conclu pour 2 ans et reconductible une 3e année, ce contrat prévoit l’augmentation de 36 % des volumes et de 100 % des débits d’eau pour la Garonne.
De gauche à droite, les signataires : Franck Darthou, Etienne Guyot, Jean-Michel Fabre, Guillaume Choisy
Des réservoirs d’eau pour faire face à la sécheresse
Sur le bassin Adour-Garonne, les premiers soutiens d’étiage (c’est-à-dire utiliser l’eau stockée dans des retenues pour augmenter le faible débit naturel des rivières à partir des barrages exploités par EDF ont été imaginés il y a près de 30 ans. Depuis, la mobilisation des volumes d’eau gérés par EDF pour produire de l’hydroélectricité a régulièrement augmenté au fil du temps et ces soutiens d’étiage ont peu à peu été pérennisés. Ainsi, en lien avec les services de l’État et en partenariat avec les acteurs locaux, EDF Hydro Sud-Ouest contribue chaque année au soutien d’étiage des cours d’eau en période de sécheresse.
Une mobilisation accrue dans le contexte du changement climatique
Dans les années à venir, le changement climatique aura des conséquences notables sur la disponibilité en eau dans les cours d’eau du bassin Adour-Garonne, le bassin hydrologique le plus exposé de l’Hexagone. Le faible approvisionnement en eau touchera non seulement les besoins en eau potable et les activités humaines mais aussi le bon fonctionnement des milieux naturels, aquatiques et humides.
Tous les leviers disponibles devront être actionnés pour répondre aux besoins croissants en eau : en premier, les économies d’eau mais également la création de nouvelles réserves. Parmi ces leviers, les barrages hydroélectriques, à la croisée des enjeux eau et énergie, auront toujours leur part de contribution et participeront à l’effort commun dans le strict respect des règles de sûreté. Leur contribution devra être toujours le meilleur compromis entre leur mission première, la production d’une énergie décarbonée au service de l’atténuation du changement climatique, et leur mission de soutien d’étiage, essentielle pour l’adaptation aux effets de ce changement.
Ainsi, la nouvelle convention de soutien d’étiage de la Garonne prévoit la mobilisation de près de 70 millions de mètres cubes (Mm3) à partir de 2020 et jusqu’à possiblement 2022, soit 36 % de plus que la convention précédente. Pour cela, EDF Hydro Sud-Ouest mobilise des volumes supplémentaires sur les retenues historiques (Izourt, Gnioure, Laparan, Soulcem et Lac d’Oô) mais sollicitera également deux nouvelles retenues, Saints-Peyres et La Raviège, dans le Tarn. Sur certaines retenues, cela représente plus de la moitié de leur volume dédié à la production d’électricité qui est désormais consacrée au soutien d’étiage !
De nouveaux défis pour les hydrauliciens
Pour les hydrauliciens d’EDF, cette mobilisation accrue nécessite beaucoup de flexibilité et encore plus d’anticipation pour répondre à l’ensemble des objectifs estivaux (mise à disposition du volume de soutien d’étiage mais aussi respect des cotes « touristiques » - c’est-à-dire maintenir un niveau d’eau permettant le bon déroulement des activités de loisir et touristiques - sur le Lac d’Oô et La Raviège par exemple). Cela pose de nouveaux défis en termes de gestion des remplissages des lacs, programmation des travaux de maintenance, optimisation de la production d’électricité, gestion en cas d'incident ou aléa climatique...Au-delà de l’augmentation des volumes, la nouvelle convention prévoit aussi l’augmentation des débits (jusqu'à 20m3/s), sur des périodes définies, notamment pour répondre aux besoins exprimés par le SMEAG lors des pics d’irrigation des terres agricoles en période de sécheresse ou canicule.