Depuis 2013, la R&D d'EDF réalise tous les trois ans une étude détaillée sur l’équipement des ménages français métropolitains en appareils électrodomestiques. L'objectif est d'étudier le taux d'équipements des foyers et leurs usages. Toutes ces informations permettent in fine de reconstituer des consommations énergétiques temporalisées. Retour sur les derniers résultats de cette enquête avec Guillaume BINET, ingénieur chercheur expert à la R&D d'EDF, en charge de cette étude.
Quelles sont les grandes conclusions de cette étude ?
Guillaume BINET : L’objectif premier de cette étude récurrente, que nous réalisons tous les 3 ans depuis 2013 et qui pour la première fois a été vendue à l'ADEME, est de maintenir à jour la connaissance de la R&D sur la demande en énergie des foyers français. Cela nécessite notamment de savoir quels équipements électriques sont possédés par les ménages. C’est l’objet de ce rapport.
Les autres informations recueillies concernent l’utilisation de ces équipements. L’ensemble de ces données permettent de calculer des estimations de consommations électriques pour les 200 appareils recensés et interrogés.
Pour le périmètre de l’étude ADEME et qui ne concerne donc que l’équipement des ménages, les principales conclusions sont des confirmations de possession pour les principaux appareils électriques (réfrigérateurs, congélateurs, lave-linge, lave-vaisselle, sèche-linge…) et des variations sensibles à la hausse pour les télévisions et les ordinateurs pour lesquels nous pouvons formuler des hypothèses :
- ré-équipement en télévisions après une certaine désaffection et dont la fin de la redevance a peut-être permis à certains ménages de déclarer plus librement leur équipement,
- progression de l'équipement au moment du COVID.
Certains équipements de mobilité électrique (véhicules mais aussi toutes les mobilités « douces » : vélos, trottinettes...) progressent très sensiblement bien que restant sur des taux encore faibles.
Les autres points à noter concernent les caractéristiques des équipements. Par exemple, les réfrigérateurs américains progressent en maisons individuelles, les ménages achètent en moyenne des équipements bien dimensionnés (capacité et volume) par rapport au nombre de personnes qui les compose, les diagonales des écrans de TV augmentent.
Nous pouvons aussi mesurer la pénétration des LED pour l’éclairage qui représentent maintenant la moitié des points lumineux installés dans les logements.
Dans ce rapport, nous avons systématiquement présenté les valeurs relatives à l’ensemble de la population, aux maisons individuelles et aux logements collectifs afin de mettre en avant que dans ces derniers, les ménages sont sensiblement moins équipés. Une des principales raisons à cela est le manque de place.
Notre étude permet aussi de quantifier les écarts de possession en fonction de l’âge des ménages. En général, plus un ménage est âgé, plus il possède d’équipements. A contrario, pour des catégories bien précises, les consoles de jeux par exemple, ce sont les ménages les plus jeunes qui seront les plus dotés. En résumé, cette étude permet de dresser une véritable cartographie de l’équipement des ménages français.
Comment la R&D a-t-elle travaillé sur cette étude ?
GB : Cette étude est une production 100 % R&D d'EDF. Depuis 2013, je rédige le questionnaire qui est mis en forme et programmé par l’institut de sondage avec qui nous travaillons. L’institut de sondage réalise ensuite l’enquête terrain auprès de son panel de ménages une fois que le questionnaire est validé. Lorsque la cible du nombre de ménages interrogés est atteinte, l’institut livre la base de données brutes des informations recueillies. Je traite ensuite ces données sous plusieurs angles afin de répondre à plusieurs finalités comme ce rapport pour l’ADEME.
Les compétences mises en œuvre sont donc un savoir-faire sur :
- la conception du questionnaire : qu’est-ce que nous voulons savoir et comment faut-il formuler les questionnaire pour y arriver,
- la programmation informatique pour transformer une base de données en résultats,
- la connaissance sur le fonctionnement des équipements pour aboutir aux consommations d’énergie.
Le processus s’étale sur environ 2 années en discontinu entre le lancement et l’obtention des résultats finaux.
A quoi vont servir les résultats de cette étude ?
GB : La destination première de cette étude est l’exercice CHyPSE de prévision de consommation de l’entreprise sur la partie demande du secteur résidentiel. Plusieurs scénarios d’évolution sont envisagés à l’horizon 2060. La variante Netzero vient d’ailleurs d’être rendue publique par l’entreprise. Mais ces travaux irriguent bien d’autres projets dont la veille réglementaire, les simulateurs de consommation ainsi que d’autres besoins comme pour la direction du marché des clients particuliers du pôle Clients, Services et Territoires, pour la connaissance clients (montage d’offres etc.). Ils ont été utilisés dans les campagnes EDF autour de la sobriété énergétique et des écogestes. En fait, dès qu’une entité a besoin d’éléments concernant les usages résidentiels hors chauffage et eau chaude sanitaire, par un canal ou un autre, les résultats de cette étude baptisée CONSER (CONnaissance de SEcteur Résidentiel) seront mis à disposition.
Information sur l'étude
Le terrain de l’étude a été conduit sur un échantillon de 4174 individus représentatif de la population des ménages français métropolitains sur 7 quotas. Le questionnaire est répondu en ligne sur un site Web dédié et est auto-administré : les participants ne sont pas assistés pour répondre aux questions qui leur sont posées. Cette enquête repose donc sur ce que les ménages déclarent et a pour vocation de décrire des situations réelles de possession et d’utilisation in situ.