Connaissez-vous l’auteur ?

Anthony Maire est ingénieur chercheur en hydrobiologie de la R&D d'EDF, et travaille, dans le cadre du projet BIODIV'2025 de la R&D d'EDF, sur la question de l’incidence du réchauffement de l’eau par les rejets thermiques des centrales nucléaires sur les écosystèmes aquatiques, et plus globalement en interaction avec le dérèglement climatique. Avec une équipe internationale d’une centaine de scientifiques, il a publié en août 2023 un article dans la revue Nature.

 

Publication dans la revue Nature

 

Pourquoi le groupe EDF s’intéresse à ce sujet ?

 Centrale nucléaire de Bugey (Ain)     
 

De manière règlementaire, le groupe EDF doit assurer, chaque année, un suivi environnemental des écosystèmes au voisinage de ses Centres Nucléaires de Production d’Electricité (CNPE), et cela depuis leur construction il y a plus de 40 ans. En effet, des limites thermiques ont été définies et ne doivent pas être dépassées à l’aval des centrales afin de respecter le bon état écologique des écosystèmes aquatiques. Du fait de leur long historique, les suivis hydroécologiques des CNPE représentent des observatoires des effets du dérèglement climatique sur les écosystèmes aquatiques.

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​​​​​​​En mettant ces données à la disposition d'un groupe de chercheurs européens, ​​​​​​le groupe EDF a​​​​​​​​​ ​​​​contribué à la création d’un réseau européen d’observations des effets des changements globaux et du dérèglement climatique sur les rivières et leur biodiversité. ​​​​​​​Le groupe EDF est particulièrement intéressé par ces questions et impliqué dans les études visant à évaluer la contribution respective du dérèglement climatique et des rejets thermiques sur les évolutions de biodiversité observées.

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Publication

Dans cette étude, les auteurs ont analysé plus de 1800 séries de données long-terme de communautés d'invertébrés aquatiques localisées dans 22 pays européens, dont 6 stations du suivi règlementaire des 4 CNPE du Rhône, entre 1968 et 2020. Les résultats montrent une amélioration marquée de l'état écologique de ces communautés depuis les années 1960, en lien avec une meilleure gestion de ces milieux et la mise en place de la directive-cadre européenne sur l'eau, malgré le dérèglement climatique et une stagnation observée sur les 15 dernières années. ​​

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Illustration : (a) Frise chronologique des principales perturbations d’origine anthropique et législations environnementales ayant affecté les écosystèmes d’eau douce en Europe.     
(b) Carte des stations de suivi considérées dans l’étude, couvrant 22 pays européens.     
(c) Répartition des stations de suivi dans le temps et entre les pays.     
​​​​​​​Haase, P., Bowler, D.E., Baker, N.J. et al. The recovery of European freshwater biodiversity has come to a halt. Nature 620, 582–588 (2023)     
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                ​​​​​​​​​​​​​​​Les écosystèmes d'eau douce sont parmi les plus vulnérables à l'appauvrissement de la biodiversité. Les mesures d'atténuation mises en place, notamment à travers une amélioration du traitement des eaux usées et la restauration hydromorphologique des cours d'eau, visent à améliorer la qualité de l'environnement et favoriser la restauration de la biodiversité des eaux douces. Grâce à 1 816 séries de données long-terme de communautés d'invertébrés d'eau douce collectées dans 22 pays européens entre 1968 et 2020, ces travaux ont analysé les tendances temporelles observées dans un ensemble d’indicateurs de biodiversité, que ce soit en termes d’espèces présentes ou de leurs caractéristiques écologiques (type de reproduction, régime alimentaire, …), ainsi que leurs réponses aux pressions d’origine anthropique et aux gradients environnementaux. Des augmentations globales du nombre d’espèces présentes (+0,73% par an), de leurs abondances (+1,17 % par an) et de la diversité de leurs caractéristiques écologiques (+2,4% par an) ont été observées. Toutefois, ces augmentations se sont principalement produites avant les années 2010 et ont depuis atteint un plateau. Les communautés d'eau douce à proximité de certaines zones spécifiques se sont moins rétablies que les autres. Par ailleurs, les stations où le réchauffement climatique a été le plus intense et rapide ont enregistrées moins de gains en termes de biodiversité aquatique. Bien que les gains de biodiversité dans les années 1990 et 2000 reflètent probablement l'efficacité des améliorations de la qualité de l'eau et des projets de restauration, la trajectoire de décélération dans les années 2010 suggère que les mesures actuelles sont moins efficaces à l'échelle européenne. Compte tenu des pressions nouvelles et persistantes qui s'exercent sur les écosystèmes d'eau douce, notamment les polluants émergents, le dérèglement climatique et la propagation des espèces envahissantes, les conclusions de l’article appellent à la mise en œuvre de mesures d'atténuation supplémentaires pour que la restauration de la biodiversité des eaux douces européennes puisse se poursuivre.     
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Co-auteurs de la publication

Porteur principal de l’étude : Senckenberg Research Institute and Natural History Museum de Francfort (Allemagne)

Autres partenaires français : INRAE, CNRS, Université de Lyon​​​​​

 

Retrouvez la publication en accès libre ici :  The recovery of European freshwater biodiversity has come to a halt

​​​​​​​Domaine de la publication : Environnement, impact du changement climatique     

 


 

La revue Nature     

Nature est une revue scientifique internationale multidisciplinaire. Lancée en 1869, cette revue hebdomadaire à comité de lecture, est considérée comme l’une des plus prestigieuses au monde. ​​​​​​   
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Impact Factor 2022 : 64.8     

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