Les doctorants de la R&D d’EDF ont eu la chance de rencontrer Sylvie Pommier, Vice-Présidente de l’Université Paris-Saclay en charge du doctorat, qui a présenté les résultats de l’enquête nationale 2023 du Réseau National des Collèges Doctoraux auprès des doctorants et des encadrants. Dans le cadre de sa mission ministérielle sur la valorisation et la reconnaissance du doctorat en France, elle a accepté de répondre à nos questions. Retrouvez son interview.
Sylvie Pommier en quelques dates clés
Depuis 2003 : Professeure des Universités à l’ENS (École Normale Supérieure) Paris-Saclay dans le département de Génie Mécanique
2016 : Première femme à obtenir la médaille Réaumur décernée par la Société Française de Métallurgie et de Matériaux
2017 : Médaille d'Argent Tipper de l'ICF (International Congress on Fracture), récompense internationale pour ses contributions en mécanique non-linéaire de la rupture
Depuis 2017 : Vice-présidente d’ABG (Association Bernard Gregory)
2020 - 2024 : Vice-présidente adjointe chargée du doctorat à l’Université Paris-Saclay
Depuis 2021 : Présidente du Réseau National des Collèges Doctoraux
Fin 2023 : Le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche lui confie une mission sur la valorisation et la reconnaissance du doctorat en France
Le doctorat est une période absolument précieuse où on peut
creuser un sujet, s'amuser et aller jusqu'au bout sur des choses très compliquées, mais aussi très passionnantes ! Les doctorants ne doivent pas oublier de faire confiance en leurs atouts et dans les compétences qu'ils ont développées
Pourquoi une activité aussi débordante pour la défense du doctorat ?
Le doctorat est vraiment le cœur battant de la recherche française. On le voit très bien dans l'enquête que j'ai présentée [enquête nationale 2023 du Réseau National des Collèges Doctoraux auprès des doctorants et des encadrants] : 75% des encadrants de thèse sont convaincus qu’entre la moitié jusqu'à la totalité de leurs travaux de recherche viennent de projets doctoraux. Le deuxième point est que nous avons besoin de scientifiques dans la société. Le doctorat permet de développer cette rigueur d’analyse, cette formation par la recherche qui amène à trier les informations, les catégoriser, avoir ce regard critique et étayer ses propos. Dans le monde actuel, la formation doctorale est absolument précieuse sur tous ces aspects-là.
Le gouvernement vous a missionnée pour faire des propositions pour valoriser le doctorat dans le monde de l'entreprise. Quels problèmes avez-vous identifié ? Avez-vous des pistes pour y répondre ?
Tout d’abord, nous avons un problème d'information et de perception du doctorat qui ne correspond pas à la réalité, à la fois sur les conditions de déroulement des thèses, qui sont perçues comme peut-être plus difficiles que ce qu'elles sont en réalité, mais aussi sur les débouchés du doctorat avec peut-être une surestimation des difficultés liées à l'insertion professionnelle des docteurs. La première mesure à prendre serait d'avoir un portail de l'emploi et des carrières des docteurs pour bien faire connaître ce que sont les débouchés professionnels, leur variété, leur qualité, et montrer la réalité de la situation d'aujourd'hui.
Quel message souhaitez-vous faire passer aux doctorants de la R&D d’EDF ?
Le premier message à leur faire passer est de profiter pleinement de cette période car le doctorat est une période extrêmement précieuse où on peut creuser un sujet et aller jusqu'au bout sur des choses très passionnantes, très compliquées, mais aussi très plaisantes. Et puis, qu'ils n'oublient pas d'avoir confiance en eux-mêmes, en leurs atouts et dans les compétences qu'ils ont développées.
Vous avez vous-même réalisé une thèse : comment avez-vous vécu cette période ?
J’ai réalisé une thèse Cifre avec Safran, même si je suis allée après dans le secteur académique. C'était une période bénie, que j'ai adorée. J'ai eu beaucoup de problèmes expérimentaux, et rencontré beaucoup de difficultés de toute nature. Malgré tout, j'en ai un excellent souvenir car il fallait surmonter toutes ces difficultés, avancer sur le projet et j'ai adoré ça.
Vos travaux de recherche et d’enseignement portent sur la fatigue et la mécanique de la rupture, un sujet très lié à l’actualité d’EDF. Avez-vous déjà suivi une thèse Cifre de la R&D d’EDF ?
J'ai suivi une doctorante qui a fait sa thèse en partenariat avec EDF [Wen Zhang : "Fissuration par fatigue en plasticité généralisée sous chargement thermo-mécanique."]. C'était passionnant. A travers ces travaux, j'ai eu l'occasion de connaître les problématiques d'EDF. Actuellement, avec mes responsabilités, malheureusement, je n'ai plus l'occasion de faire des travaux de recherche. Mais il y a beaucoup de sujets liés aux problématiques de l'allongement de la durée de vie qui peuvent entrer dans mes champs de recherche.
Suivez-vous les enjeux de la R&D d’EDF dans le domaine qui est le vôtre ?
Quand j'entends les actualités sur la question de la prolongation de la durée de vie des centrales, avec le regard que je peux avoir sur les problèmes de fatigue, fissuration, et toutes les questions des sécurités des systèmes industriels, cela m'intéresse beaucoup !