Après sa préparation au paratriathlon des Jeux Paralympiques de Tokyo en 2021, Arnaud Grandjean, chef de projet et chercheur à la R&D d'EDF se lance un nouveau défi et nous dévoile comment il s’y prépare avant de connaitre mi-juillet la décision finale sur une éventuelle qualification paralympique cet été. Découvrez-le dans cet article !

Pourrais-tu nous faire part de tes projets actuels en vue des Jeux Paralympiques de Paris 2024 ?

Arnaud Grandjean : Après les Jeux de Tokyo en 2021, j'ai décidé d'arrêter le paratriathlon. J'étais au meilleur de ma forme mais je n'ai pas pu être sélectionné donc j'ai voulu passer à autre chose. J'ai toujours aimé la course à pied, donc j'ai naturellement tenté le marathon et sans surprise, j'y ai pris goût. J'ai fait mes premiers marathons en courant à Rennes et à Paris en 2021 et 2022 respectivement. Avec les nouvelles règles de qualification pour les Jeux de Paris 2024 qui augmentent le nombre de participants de 12 à 20, j'ai saisi l'opportunité de concourir à l’épreuve du marathon en tant que malvoyant guidé.

Quelles sont les conditions pour que tu puisses participer ?

AG : Pour être éligible, je dois atteindre un temps conforme au "high performance standard" sur un marathon reconnu par World Para-Athletics. En gros, le standard de haute performance est de 2h40’21 ». Mon record à Paris est de 2h41’52 », donc je suis proche. Avec un bon entraînement, c’est réalisable. J’ai couru à Amsterdam le 15 octobre dernier, mais j’ai été malade. À Londres, le 21 avril, j’ai eu des contractures musculaires et n’ai pas pu atteindre mon objectif. J’étais parti sur un objectif de 2h35-2h38, mais après le 25e kilomètre, j’avais l’impression d’avoir des jambes en bois. J’ai dû marcher avant de terminer doucement, à 10 km/h, pour ne pas abandonner mon guide dans les rues de Londres. Je pensais que Londres serait ma dernière chance, mais je ne voulais pas rester sur ce sentiment inachevé. Il y a encore quelques marathons accessibles (reconnus par la fédération internationale de para-athlétisme), notamment celui de Duluth aux États-Unis, le 22 juin. Je me suis inscrit et je vais y participer.

Atteindre ce temps te qualifiera automatiquement pour Paris ?

AG : Non, ce n'est pas si simple. Pour se qualifier, il faut être reconnu de manière internationale. Je dois réaliser un "minimum entry standard", soit moins de 3 heures. Ensuite, il y a le "high performance standard" (2h40min21s). L'objectif est d'atteindre ce niveau pour être considéré comme potentiellement sélectionnable. Mais la sélection dépend des fédérations nationales, qui peuvent avoir des critères supérieurs pour les Jeux Paralympiques. L'objectif, dicté classiquement par les Comités Olympique et Paralympique français, est d'envoyer des athlètes qui sont médaillables aux Jeux Olympiques et Paralympiques, et tout le monde ne l'est pas. Néanmoins, si je réalise ce "high performance standard", j'entrerai dans le top 20 de ma catégorie. Et si je ne suis pas sélectionné par la Fédération française handisport, il demeure la possibilité de recevoir une invitation de World Para Athletics compte tenu du fait qu’il y a assez peu d’européens – et a fortiori aucun français – dans le top 20 mondial actuel.

Combien de places il reste aujourd'hui ?

AG : Il a environ 17 coureurs malvoyants et non-voyants ayant réalisé un temps de 2h40'21" ou moins. Donc, si je fais moins de 2h40'21", j'entrerai dans le top 20. Il y a donc une chance potentielle.

Comment se déroule ta préparation en ce moment ? Combien de fois t'entraînes-tu par semaine et quel est ton programme ?

AG : ​​​​​​​Après le marathon de fin avril, j'ai dû stopper la course pendant 10 jours. J'ai repris le 1er mai, à raison d'une course environ tous les deux jours pour une reprise en douceur. La semaine suivante, c'était ma première semaine de reprise progressive : 5 courses et 2 séances de vélo d'intérieur, soit 7 entraînements au total. Je dois éviter les blessures en y allant progressivement. Actuellement, je prévois 4 semaines de préparation. Je m'entraîne tous les jours en alternant course à pied et vélo, avec également de la musculation et du gainage. Mon objectif est d'atteindre 120 à 130 kilomètres par semaine deux semaines avant la compétition, sachant qu'avant le marathon de Londres, j'avais réussi à aller jusqu'à 150 kilomètres par semaine malgré quelques perturbations pendant ma préparation. La clé, c'est la progression et la régularité.

Les résultats du 22 juin me donneront une indication sur la suite, mais je ne saurai rien avant mi-juillet. Mon objectif, c'est de réaliser un marathon à la hauteur de mes capacités et de me dépasser.

En parallèle de ces jeux, je fais partie du collectif des Anciens Champions d'EDF (ACE) et nous préparons actuellement des "Webin'ace" qui cherchent à analyser et décrypter les sports représentés aux JOP. Récemment, j'ai participé à cet enregistrement, et nous avons parlé triathlon et paratriathlon. On a également abordé ma préparation paramarathon, et ce Webin'ace devrait être très prochainement disponible pour tous les salariés EDF.

Marathon de Londres - Arnaud et ses deux guides :
​​​​​​​François à sa gauche et Anis dans son dos qui s’apprête à prendre le second relais​​​​​​​