Les canicules sont-elles les seuls extrêmes sur lesquels les chercheurs ont des signaux ?
Et bien non, c’est aussi le cas par exemple pour les épisodes méditerranéens : épisodes de fortes pluies qui se produisent, en automne, sur le sud-est de la France. C’est ce que montrent les chercheurs du Centre de recherche de Météo-France et de l’IPSL (Institut Pierre-Simon Laplace).
Et côté vagues de froid, le changement climatique a plutôt tendance à diminuer les fréquences de ces phénomènes mais nous pourrons encore observer des vagues de froid comme nous en avons eu dans le passé.
Le danger, c’est de se déshabituer de ce type de phénomènes en pensant que ça n’arrivera plus. Or ce n’est pas le cas. D'après les climatologues, il n’est pas exclu d’avoir une autre vague de froid, similaire à celle de 1963.
Vague de froid de 1963, vu à Rennes
Source : météo-paris.com
« Février 1963 : hiver le plus long et le plus rigoureux enregistré en Europe depuis la fin du 19ème siècle ! », source météo-paris.com
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En quoi le changement climatique peut-il être rendu responsable des changements des caractéristiques des évènements extrêmes ?
Pour répondre à cette question, les scientifiques font des études de détection-attribution. En d’autres termes, ils essayent de simuler les caractéristiques d’un événement extrême particulier (fréquence, durée, intensité) dans différents types de climat : le climat dit « préindustriel », soit avant que les activités humaines le modifient, puis le climat actuel, influencé par les activités anthropiques (émissions de gaz à effet de serre et d’aérosols, changement d’usage des sols).
Le climat correspond aux conditions météorologiques moyennes en un lieu donné à une période donnée.
En comparant les caractéristiques des événements entre ces deux périodes, il est possible de déterminer si le changement climatique a eu un impact sur la fréquence ou l’intensité d’un type d’événement voire les deux.
A titre d’exemple, le dernier rapport du GIEC fait un zoom sur l’Europe : les canicules font bien partie des événements pour lesquels il faut s’attendre à une augmentation à la fois de la fréquence et de l’intensité.
« Nous constatons que les extrêmes évoluent, mais quels niveaux d’aléas extrêmes pouvons-nous anticiper dans l’avenir ? C’est bien le rôle du Service Climatique d’EDF de se pencher sur ces sujets. », Sylvie Parey, chercheuse séniore au Service Climatique de la R&D d'EDF.
Depuis 2003, les chercheurs du Service climatique d'EDF ont développé et publié des méthodologies pour estimer des niveaux extrêmes de température à différents horizons futurs en tenant compte du changement climatique. Elles s’appuient sur des théories et modèles statistiques qu’il est possible de combiner avec les projections climatiques effectuées en appui des rapports réguliers du GIEC. Ces méthodes sont mises en œuvre régulièrement pour alimenter les référentiels de sûreté du parc nucléaire en exploitation et des EPR, et font toujours l’objet d’études pour les consolider.
Pour protéger les populations, les installations industrielles et les ouvrages de génie civil des événements extrêmes (crues, pluies diluviennes, tempêtes, tremblements de terre) : il est essentiel de disposer de méthodes et d’outils permettant de les caractériser afin de réduire les risques. L'ouvrage "Événements naturels extrêmes : théorie statistique et mitigation du risque", coordonné par Nicolas Bousquet et Pietro Bernardara, présente l'ensemble de cette méthodologie.
Livre : Evénements naturels extrêmes, publié le 2 octobre 2019
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