Antonella Cristiano Tassi est ingénieur chercheur à la R&D d'EDF aux Renardières où elle travaille sur les nouvelles technologies de batteries. Née à Caracas au Venezuela, elle est passée de l'industrie pétrolière aux nanomatériaux aux Pays-Bas, avant de trouver sa place en France chez EDF.
 

Un petit accent sur un français impeccable. Antonella Cristiano Tassi, s'applique à chercher le mot juste. Elle parle aujourd'hui quatre langues, mais quand elle est arrivée à Paris, il y a 15 ans, elle ne parlait pas la langue de Molière.

Des origines italiennes

Antonella est née dans les années 70 à Caracas, la capitale du Venezuela, en plein boom pétrolier et deux ans avant la création de « Petróleos de Venezuela, PDVSA SA », la compagnie pétrolière du pays. « C'était la belle époque du Venezuela ». Sa mère est sicilienne, son père napolitain. En fait, toute la famille est italienne et a émigré au Venezuela après la seconde guerre mondiale. Son père a réalisé des études de géographie poussées : « Même lorsqu'il élevait ses trois filles, il a continué ses études pour devenir professeur de géologie et de topographie. Il a même soutenu un doctorat. C'était vraiment un modèle pour moi. » La petite Antonella, qui grandit à Valencia, ville considérée alors comme la plus industrielle du pays, rêve de devenir un jour ingénieure. Pour y arriver elle a intégré la « Simon Bolivar », « la meilleure université du pays. »

Dans la bibliothèque de l'université Simon Bolivar

Direction Caracas. À 17 ans – et c'est la première d'une longue série, où elle partira seule vers l'aventure… et les études. Reçue à l'université, elle entame des cours d'ingénierie des matériaux et planche sur les polymères. « J'avais envie de chimie appliquée orientée vers l'industrie. J'ai toujours aimé la recherche, mais il faut qu'il y ait du concret derrière ! » Assidue, elle passe ses journées sur les bancs de la bibliothèque et décroche un poste d'assistant chercheur pour pouvoir entamer un master. « C'est là que j'ai commencé à m'intéresser à l'industrie pétrolière, qui avait depuis longtemps le vent en poupe. » Une fois diplômée, elle intègre l'institut de recherche de PDVSA alors que son chef de l'époque hésitait à orienter la recherche du labo entre les matériaux intelligents et les nanomatériaux.
 

« J'ai poussé pour travailler sur les nanomatériaux. En 2000, on commençait à en parler et je me suis dit qu'il y avait là du potentiel… ».
 

Changement de vision

En 2002, Antonella décide de partir quatre mois au Canada pour perfectionner son anglais. « Ce voyage en immersion totale à Vancouver a changé ma vision de la vie. J'ai rencontré des gens du monde entier, et surtout, j'ai vu qu'il était possible de partir, que c'était une expérience enrichissante. » Quand elle revient, collègues et amis n'hésitent pas à partir en Europe ou ailleurs pour étudier. Pourquoi pas elle ? Elle cherche à obtenir une bourse et finit par décrocher un master de sciences en nanotechnologie aux Pays-Bas, à Enschede.

Apprendre la langue de Molière

Arrivée aux Pays-Bas en 2003, c'est un choc thermique et culturel. « Le froid, les modes de vie, les relations entre les gens, tout était différent ! » Elle s'accroche, améliore son anglais, la langue de la Recherche. Et puis, elle rencontre un autre chercheur, italo-argentin, qui deviendra quelques années plus tard son mari. En 2005, elle obtient une bourse pour faire un doctorat en France, à Paris, à l'École supérieure de physique et de chimie industriel. « Le choc entre le Venezuela et les Pays-Bas avait été tellement fort que lorsque je suis sortie du Thalys, je me suis sentie chez moi à Paris. » Épaulée par une étudiante italienne, elle s'installe dans la capitale. « On ne se rend pas compte la barrière que peut-être une langue, une culture. Il faut des années pour en déchiffrer les codes. » Antonella s'accroche et achève sa thèse. Elle obtient un CDD chez Saint-Gobain, à Aubervilliers. Avec sa thèse, orientée vers les polymères, et ses études dans les nanotechnologies, elle postule à différents postes aux quatre coins de l'Europe, notamment à la R&D d'EDF, à EDF Lab les Renardières. Bonne nouvelle : elle est retenue comme son mari, qui l'a rejointe à Paris, et qui est engagé lui aussi par EDF, à Chatou. Belle coïncidence !

Plan stockage

Antonella intègre l'équipe polymères et le projet nanomatériaux : « J'ai aussi travaillé pour l'ingénierie nucléaire, sur le vieillissement des matériaux. » En 2018, elle veut évoluer et postule dans un autre département, toujours aux Renardières. « Je suis arrivée au moment où EDF lançait son Plan stockage. C'est un nouveau monde passionnant qui s'est ouvert à moi car c'est un secteur qui bouge très vite. Nous étudions les performances de différentes technologies existantes et des nouvelles technologies de batteries pour qu'EDF puisse se positionner. Je continue d'apprendre et c'est tant mieux ! » Mère d'une petite fille de quatre ans, elle se sent aujourd'hui italo-vénézuélienne-française. Elle, a trouvé sa place, au fil de d'un apprentissage tissé avec ferveur et patience, de Caracas aux Renardières.

 

Son parcours

2000 : Ingénieur chercheur à Caracas chez PDVSA
2003 : Obtient une bourse pour suivre un master à l'université de Twente aux Pays-Bas
2005 : Arrive à Paris pour un doctorat à l'ESPCI en chimie et physico-chimie des matériaux
2010 : Intègre EDF sur le site de recherche EDF Lab les Renardières
2018 : Rejoint l'équipe de recherche sur les technologies de batteries