Un musée Parisien prestigieux en pleine transformation
Au cœur de Paris, le musée de Cluny est détenteur de l’une des plus grandes collections d’art médiéval française comprenant entre autres, peintures, sculptures, tapisseries, vitraux
En 2015 le musée a amorcé une importante rénovation en 4 volets (restauration des vestiges antiques et de la chapelle, construction d’un nouvel accueil, refonte des parcours muséographiques et reprise du jardin médiéval, avec pour objectif principal l’accessibilité tant physique qu’intellectuelle. La réouverture totale est prévue à horizon 2021.
Un défi : rendre le musée accessible à tous
Le nouvel accueil et la refonte des parcours sont l’occasion pour le musée de Cluny d’intégrer l’accessibilité dans ses travaux.
Béatrice de Chancel Bardelot, Conservatrice générale.
Le musée de Cluny présente en effet une configuration très particulière : c’est une addition d’édifices (antique, médiéval et adjonction du 19ème siècle). Avec 28 ruptures de niveaux dont de nombreux escaliers le musée était jusqu’à présent un vrai parcours d’obstacles.
L'adaptation d'outil de simulation en réalité virtuelle
Le musée de Cluny a pris contact avec la Fondation du Groupe EDF. Cette rencontre a permis de faire naître un projet tout à fait inédit, en amont de la transformation du musée, pour trouver des réponses pertinentes à la problématique d’accessibilité en engageant, dans le cadre d’un mécénat de compétences, l’expertise et l’adaptation d’une technologie développée par la R&D d’EDF.
Comme le précise Alain Schmid, ingénieur-chercheur en Réalité virtuelle et Visualisation scientifique au sein du département PERICLES :
« La R&D d’EDF a imaginé un outil de simulation en réalité virtuelle pour faciliter les déplacements dans les bâtiments réacteurs, donc dans un environnement à fortes contraintes. Pouvoir disposer d’outils 3D de simulation d’opérations est déjà une belle innovation ! Ensuite, c’est lors d’échanges presque informels que l’idée est venue de mettre cet outil au service du handicap pour imaginer les déplacements en fauteuil roulant, dans une ville, dans un quartier, dans des immeubles. »
De la centrale nucléaire au musée, il y a un monde, mais « les briques d’une même technologie », ont été adaptées par Alain Schmid, une application de simulation a été mise en œuvre depuis plusieurs années et utilisée par les collectivités, pour résoudre des problèmes d’accessibilité.
La technologie Virtual Fauteuil permet en effet de simuler le déplacement d’un fauteuil roulant dans un environnement donné, en prenant en compte les normes d’accessibilité en vigueur. Toutefois, pour permettre ce transfert de technologie et de compétences dans le cadre du musée de Cluny, il fallait au préalable numériser ses espaces, avant le début du chantier.
Michel Huynh, Conservateur général au musée de Cluny.
Crédits photo : Vincent Baillais
Le musée de Cluny en 3D
Dans un premier temps, seul le rez-de chaussée a été modélisé (les salles 7, 8, 9, 10 et 11) et finalement en 2018 la modélisation avec la société Emissive a concerné tous les espaces du musée accessibles en visite libre.
La technologie Virtual fauteuil, un fauteuil roulant relié à un écran, permet de réaliser un diagnostic en environnement virtuel, de faire apparaître tous les écueils (les pentes, le passage des portes, les dévers) et de définir les meilleurs emplacements pour les ascenseurs. La simulation s’effectue en utilisant les modes les plus courants de déplacement en fauteuil (manuel, électrique et scooter).
L’objectif est de permettre aux personnes à mobilité réduite de circuler de façon autonome et fluide. Et là où passe le fauteuil roulant, passent aussi la maman avec sa poussette et ses enfants, ou encore la personne âgée avec sa canne.
Comme le précise Alain Schmid, « il est souvent difficile de convaincre les architectes et les collectivités de la pertinence des aménagements. Le musée de Cluny est un très bon exemple, il s’agit d’une configuration si complexe qu’à première vue l’accessibilité y était impossible, mais grâce à l’adaptation d’une technologie et au soutien d’une équipe motivée, le projet a pu être mené à bien.»
Une seconde étape pourrait être envisagée : dans la mesure où tous les déplacements peuvent être simulés, on pourrait imaginer un visiteur debout et optimiser par exemple les choix en matière de signalétique et de placement des œuvres.
Retrouvez les articles du dossier de presse :
Le Mécénat de compéténces scientifiques de la Fondation EDF au service de la société civile