Depuis plus de 30 ans, la R&D d’EDF décrypte les rapports complexes entre le Groupe et son environnement. Ses chercheurs en sciences humaines et sociales, à l'instar de Sylvie Douzou, nourrissent les métiers du Groupe EDF de leur expertise, en investissant un champ de recherche complexe et longtemps mésestimé : la sociologie de l’énergie.
Quelle est votre vision de la recherche en sociologie de la demande en énergie ?
C’est un sujet d'étude relativement récent au regard des domaines « historiques » de la recherche en énergie traditionnellement tournés vers l’ingénierie des ouvrages de production et l’offre technologique. L’irruption de la transition énergétique dans le débat public international a largement contribué à en faire une priorité de recherche incontournable. Il s’agit d’un objet complexe, multidisciplinaire et à géométrie variable, qui exige que l’on fasse varier et que l’on croise les focales d’observation : environnement, habitat, mobilité, ville-territoires, consommation, innovation-technologie… autant d’entrées légitimes, qu'il a fallu intégrer pour « inventer » une sociologie de l'énergie dont les spécificités nécessitent des méthodologies et des analyses adaptées.
Votre prochain challenge ?
Nous cherchons toujours à affiner notre compréhension des mécanismes sociaux visant à mieux analyser et anticiper la « future » demande en énergie, ses dynamiques associées et logiques sous-jacentes. Ainsi, explorons-nous actuellement les chaînages d’activités et de pratiques sociales situées dans différentes temporalités, espaces, échelles et domaines de la vie quotidienne. Cela nous conduit à imaginer de nouvelles méthodologies et outils conceptuels d’analyse. On retrouve là des problématiques assez similaires aux travaux de nos collègues qui travaillent sur la modélisation numérique des systèmes complexes. Nous contribuons d’ailleurs à nourrir leur réflexion, tout en apportant une lecture complémentaire et unique, parfois jugée audacieuse, mais indispensable. Il ne s'agit pas d'oublier les fondements de la sociologie : il faut prendre des risques pour innover !
L'originalité de votre parcours ?
J'ai alterné des périodes professionnelles centrées sur l’enseignement et la recherche dans le secteur universitaire, des temps orientés plus directement vers l’action dans le secteur privé, avec des moments consacrés à la recherche, au management et l’animation scientifique d’équipes de chercheurs au sein d’EDF. Le début de ma carrière comme enseignant-chercheure au Québec, creuset culturel particulièrement inventif, m’a permis de bénéficier d’une certaine avance scientifique sur la sociologie des usages et de l’innovation, et sur les rapports entre la technologie et la société. J'ai ainsi développé de solides compétences en analyse du développement et de l’insertion sociale d’innovations sociotechniques que j’ai pu mettre en œuvre dans divers contextes.
« Nous cherchons toujours à affiner notre compréhension des mécanismes sociaux liés à la “future” demande en énergie. »
Depuis 2013
De 2009 à 2013
R&D d'EDF, Responsable scientifique du programme de recherche multidisciplinaire EDDC (Energy Demand and Dynamics of Consumption) d’ECLEER (European Centre & labos on Ene...
De 2002 à 2009
R&D d'EDF, Chef de groupe Etudes, GRETS (Groupe de recherche Energie-Technologie-Société)