Le cinquième anniversaire d'EDF Lab Paris-Saclay est l'occasion de mettre en lumière les partenariats noués sur le plateau. Cet interview d'Eric Labaye, président de l’École Polytechnique depuis septembre 2018, dresse le bilan de notre collaboration depuis notre arrivée.
 

Quelles sont vos relations avec EDF Lab Paris-Saclay ? Quel bilan faites-vous 5 ans après notre arrivée ?

Cinq ans après, nos relations avec EDF Lab Paris-Saclay sont riches et diverses. Nous avons non seulement établi des collaborations ponctuelles via des thèses CIFRE, mais aussi des programmes de recherche pouvant être partagés avec d'autres industriels, comme le Programme Gaspard Monge (PGMO). En ce qui concerne nos collaborations liant académiques, centres de recherche et industriels, nous avons notre laboratoire commun, l'Institut des Sciences de la Mécanique et Applications Industrielles (IMSIA), créé en 2015. Enfin, nous participons aux Instituts d'Excellence dans le domaine des Energies Décarbonées (IEED) à travers notamment l'IPVF (Institut Photovoltaïque d'Île-de-France), pour la recherche sur les dispositifs solaires photovoltaïques de nouvelle génération, ou encore Vedecom, axé sur les technologies de rupture de l'automobile de demain. Ces Instituts visent de réels objectifs de déploiement technologique.

En quoi la présence d'EDF à Paris-Saclay est-elle un avantage pour le plateau ?

La présence d'EDF à Paris-Saclay est une vraie chance car elle permet tout d'abord de partager au sein de la communauté de Saclay une grande richesse de thématiques, incluant la mécanique et les matériaux, l'optimisation, l'IoT, ou encore la physique nucléaire. Grâce à cette présence, le plateau dispose ainsi d'une force R&D d'environ 1 500 personnels de recherche, avec une structure robuste, des moyens expérimentaux uniques, et des codes de calcul ultra puissants, qui font de la R&D d'EDF un des meilleurs atouts recherche que nous ayons. De plus, il y a un intérêt inestimable pour nous d'avoir un industriel avec sa R&D présente sur le plateau puisqu'elle est source de thématiques de recherche issues de problématiques industrielles, telles que la maintenance du parc nucléaire, le développement du photovoltaïque, ou l'optimisation du mix énergétique.

Quelle place pour nos chaires communes et nos laboratoires communs ?

Les relations que nous entretenons avec EDF sont particulièrement dynamiques grâce à nos collaborations nombreuses via des chaires et laboratoires communs. Ces derniers englobent des domaines particulièrement variés et génèrent des innovations de rupture pour répondre aux grands enjeux actuels et de demain.

Pour ne citer que quelques exemples de grands programmes ou laboratoires communs, le PGMO en lien avec la Fondation Mathématique Jacques Hadamard étudie tout ce qui concerne l'optimisation, telle que la gestion des moyens de production, le smart grid, etc. Également, l'IMSIA est un laboratoire commun entre la R&D d'EDF, le CEA, le CNRS et l'ENSTA Paris, axé sur la durabilité des structures. Ce dernier représente plus de 70 chercheurs qui y étudient l'endommagement des matériaux, la prise en compte des chargements et des couplages réellement subis par les structures et la modélisation numérique multi-échelles, spatiales et temporelles. Le laboratoire exploite notamment deux codes créés par la R&D d'EDF : le Code Saturne et le Code Aster.

Nous sommes également actifs dans le domaine de la cybersécurité et l'internet des objets, avec le SEIDO, un laboratoire commun entre la R&D d'EDF et Télécom Paris, et dédié à l'internet des objets et la cybersécurité. Le FIME, laboratoire spécialisé en Finance et Marchés de l'Énergie, opéré avec Dauphine, l'ENSAE Paris et l'École polytechnique accueille quant à lui une trentaine de chercheurs de différentes institutions académiques désireux de travailler avec des ingénieurs-chercheurs d'EDF R&D sur l'économie mathématique et la finance quantitative de long terme du secteur énergétique.

Nous sommes enfin très impliqués à l'Institut Polytechnique de Paris dans le développement durable. Nos trois chaires avec EDF abordant des sujets tels que les énergies durables et l'intégration du développement durable dans l'économie sont clés dans nos avancées dans ce domaine.

Quelles sont les ambitions de l'Institut Polytechnique de Paris ?

L’Institut Polytechnique de Paris est, pour rappel, un institut de sciences et de technologies regroupant cinq prestigieuses Écoles d'ingénieurs françaises : École polytechnique, ENSTA Paris, ENSAE Paris, Télécom Paris, Télécom SudParis. Notre ambition principale est d’être un institut d’enseignement et de recherche de rang mondial capable de rivaliser avec les plus grandes institutions à l’international.

 

Depuis sa création il y a deux ans, nous avons réalisé des avancées considérables, notamment dans le domaine de la recherche. Parmi nos priorités, nous aspirons à établir un véritable centre de recherche IP Paris. Nos capacités et connaissances en recherche reposent sur l’expertise reconnue des Écoles membres dans plusieurs disciplines variées. Nous avons ainsi défini une dizaine de domaines clés sur lesquels apporter notre savoir et développer des projets de recherche transdisciplinaire, en partenariat avec des entreprises. Nous mettons un point d’honneur à faire avancer la recherche sur l’environnement et le climat, l’énergie, l’IA et la science des données, ou encore la cybersécurité. Dans cette optique, IP Paris a mis en place de grands centres interdisciplinaires, dont le premier, Energy4Climate, travaillant sur les problématiques de l’énergie et du climat et pour lequel EDF est partenaire.

Pour répondre aux enjeux économiques et sociétaux majeurs d’aujourd’hui et de demain, nous savons qu’il est crucial de continuer à construire et renforcer nos liens avec de grands groupes industriels tels qu’EDF, qui sont un atout inestimable pour l’avancée de notre recherche, l’application des technologies et les innovations générées à grande échelle.

Avez-vous des attentes vis-à-vis d'EDF Lab Paris Saclay et de ses salariés ?

Je pense que les personnels d'EDF Paris-Saclay ont un rôle clé d'intermédiaire entre EDF, un acteur industriel de premier plan, et le monde de la recherche du plateau de Saclay. Ils ont le pouvoir d'être un véritable maillon de transformation de problématiques industrielles en verrous scientifiques à résoudre par la communauté du plateau.