© Volot Pierre
La sobriété, une attitude au cœur de nouveaux modèles de développement
Publi-communiqué paru le 3 novembre 2022 dans L’OBS
Il y a désormais consensus : l’extraction toujours croissante des ressources de la planète atteint ses limites. D’après le modèle du Stockholm Resilience Centre, nous avons déjà dépassé six des neuf limites planétaires, et la septième (l’acidification des océans) est proche. De manière générale, nous devons adapter nos modèles de développement.
Alors que les Français consomment chaque année l’équivalent du triple de ce que la planète met à leur disposition, l’adoption de modes de vie plus sobres semble incontournable. Reste à savoir ce que nous mettons derrière le terme de sobriété. Relativement difficile à définir, il évoque souvent l’idée de régression ou de renoncement au progrès.
Or, la sobriété - lorsqu’elle est bien orchestrée - est en réalité au cœur de nouveaux modèles de développement qui ne sacrifient pas les sujets du bien-être ou du confort.
Repartir des besoins pour atteindre une sobriété désirable
La transition vers une économie de la sobriété est à la fois complexe à réaliser et très simple à envisager. Elle est complexe car elle demande de s’éloigner d’un modèle basé sur les volumes de production et la fabrication permanente de nouveaux désirs. Elle est également simple à envisager car elle invite à produire moins mais mieux, tout en complétant la mesure de performance économique d’indicateurs écologiques et sociaux.
L’idéal de sobriété nous invite à toujours partir des besoins. Comme l’explique Nadia Maïzi, chercheuse, co-auteure du 6e rapport du GIEC et directrice de The Transition Institute 1.5, nous devons « nous reconcentrer sur la définition des usages qu’il est nécessaire de satisfaire, des besoins qui seraient définis comme partagés, pour en arriver à des questions liées à la justice¹ ».
Ces sujets sont particulièrement prégnants dans le secteur de l’énergie. « La sobriété est un thème délicat à manier à cause de sa dimension morale. Il serait indécent de demander à une personne précaire de passer son chauffage de 19 à 17 °C, alors que demander un effort à quelqu’un qui se chauffe à 23 °C est raisonnable », explique Marc Benayoun, directeur exécutif du Groupe EDF en charge du Pôle Clients, Services et Territoire.
¹ Dans le cadre d’un publi-communiqué dans Le Monde du 21/11
Économies circulaires et collaboratives : au service de la sobriété ?
Réussir l'adéquation des besoins et des modèles de développement implique d’importantes transformations, souvent largement entamées.
L’économie dite « du partage », en favorisant l’usage sur la propriété, offre sans doute un des meilleurs exemples d’alliance entre bien-être et sobriété. L’économie circulaire, définie en opposition au modèle linéaire et dont l’ambition est d’abolir l’idée même de déchet, permet également de faire mieux avec moins. En mobilisant les principes de recyclage et d’éco-conception, ou en luttant contre l’obsolescence programmée, elle permet de limiter radicalement la pression sur les ressources naturelles ou le système énergétique.
Les industriels, qui représentent environ 30 % des émissions de gaz à effet de serre, sont aujourd’hui en train de s’emparer de cette idée. Dalkia, filiale d’EDF dédiée aux services énergétiques, met en place des dispositifs qui permettent d’économiser chaque année environ 6,2 TWh d’énergie et 4 millions de tonnes d’émissions de CO2. Grâce à la géothermie, au biogaz, à la biomasse ou à l’utilisation des énergies de récupération, les entreprises font baisser la note énergétique tout en limitant leur impact.
Le concept de sobriété, parfois un peu flou et inquiétant, trouve finalement des incarnations positives à travers des modèles de développement vertueux. Son inscription durable dans les habitudes des entreprises comme des particuliers passe désormais par un vrai travail d’information et de pédagogie, propre à dédiaboliser la notion.