Le 11 juillet 2017 a eu lieu la remise en eau « officielle » du Drac. Depuis fin 2016 et après de nombreux tests, le débit réservé à la sortie du barrage de Notre-Dame-de-Commiers est passé à de 1,5 à 5,5m3/s. Cette augmentation de débit a pour but de rétablir la continuité hydraulique de la rivière. Etant donné la perméabilité du sol, un tronçon de rivière de 4 km était régulièrement asséché, les eaux du Drac s’infiltrant facilement. Pour remédier à cette situation, les acteurs du territoire* et EDF ont mis en marche ce projet de remise en eau. Retour sur les principaux enjeux.
Une production optimisée des eaux du Drac
Animé par la Commission Locale de l’Eau (CLE) et EDF, le projet de remise en eau du Drac a mis plus de 20 ans à aboutir. La décision d’augmenter le débit réservé sur ce tronçon du Drac n’était pas anodine. Un juste équilibre entre les différents enjeux était à trouver. Pour EDF, il s’agissait de continuer à produire de l’hydroélectricité tout en assurant la sûreté et la sécurité ; pour la Réserve Naturelle, il convenait de rétablir la continuité écologique et de préserver la biodiversité des berges du Drac ; pour les Eaux de Grenoble, il était nécessaire que cette augmentation de débit n’ait pas d’incidence sur la qualité des réserves en eau potable de la métropole.
Le barrage de Notre-Dame-de-Commiers, mis en service en 1964, restitue depuis l’origine 1,5m3/s dans le lit du Drac. Historiquement, ce débit est turbiné par un groupe de restitution qui produit de l’électricité avec l’eau rendue à la rivière. Selon le niveau de la nappe phréatique, le Groupement d'Usines Drac Aval augmentait occasionnellement le débit réservé à 3m3/s. Les 1,5m3/s supplémentaires étaient libérés via la vanne déchargeur, sans que cette eau ne soit turbinée.
Après plusieurs phases de tests et d’études avec les différentes parties-prenantes du projet, il s’est avéré que le débit réservé nécessaire au rétablissement de la continuité hydraulique est de 5,5m3/s. Entre 2009 et 2011, EDF a donc réalisé des travaux pour la construction d’un deuxième groupe de restitution. Cette microcentrale a été conçue pour turbiner les 4m3/s d’eau supplémentaires rendus à la rivière.
Barrage Notre-Dame-de-Commiers et groupe de restitution | Crédit photos : EDF
Une biodiversité préservée
Pour répondre aux enjeux de préservation de la biodiversité et assurer la sécurité du public aux abords de la rivière, la Réserve Naturelle Régionale (RNR) des Isles du Drac a été crée en 2009. Elle s’étend sur 15 km après le barrage de Notre-Dame-de-Commiers.
La biodiversité du Drac est remarquable avec de nombreuses espèces protégées. Côté flore, l’Inule de Suisse ou le Cirse de Montpellier sont présents sur le site. Côté faune, 466 espèces animales ont été recensées : l’Engoulevent d’Europe et le Petit Gravelot pour les oiseaux, le Blongios nains ou le Bihoreau gris pour les échassiers, l’Agrion de Mercure pour les libellules, l’Azuré du Serpolet ou le Sphinx de l’Argousier pour les papillons, le Castor d’Europe pour les mammifères, etc.
La restauration de la continuité hydraulique permettra aux poissons (truite, chabot, blageon…) de frayer dans intégralité de la Réserve.
Réserve Naturelle Régionale des Isles du Drac, Azuré du Serpolet et Chevalier Guignette | Crédit photos : RNR
Une eau potable préservée
Avant d’effectuer la remise en eau du Drac, il a fallu évaluer l’impact de cette augmentation du débit sur l’eau potable de la métropole grenobloise. En effet, s’infiltrant à travers une centaine de mètres d’alluvions graveleuses, l’eau du Drac s’épure naturellement jusqu’à la nappe. Cela permet de distribuer au robinet des consommateurs de l’agglomération une eau pure, équilibrée et non-traitée.
Avant de valider définitivement le nouveau débit réservé à 5,5m3/s, des tests grandeurs nature ont été effectués pendant 6 mois. De septembre 2015 à mars 2016, des mesures journalières sur les points de captage ont permis de s’assurer que la qualité de l’eau n’était pas impactée. La Commission Locale de l’Eau a remis un rapport au Préfet, qui a par la suite entérine la remise en eau du Drac début 2017
Rochefort vu du ciel | Crédit photo : SPL
La sécurité, un enjeu majeur sur le Drac
Suite à l’arrêté préfectoral de 1995, l’accès est interdit sur les rives du Drac, site à forte criticité. En complément des actions instaurées par EDF au niveau national, des dispositifs supplémentaires ont été mis en place par EDF Unité de Production Hydraulique Alpes. Par exemple, des tournées d’alerte en 4x4 équipés de mégaphones sont effectuées lors des lâchers d’eau réalisés en journée (6h-22h).
Malgré l’interdiction, les panneaux d’avertissement et les sensibilisations aux risques, des milliers de promeneurs continuent à s’aventurer sur ce secteur dangereux mais très attrayant du fait de son cadre naturel exceptionnel.
A long terme, la RNR souhaiterait donc aménager le site de la Rivoire pour y effectuer des actions de pédagogie et de sensibilisation à la biodiversité. Cet aménagement permettrait également de sécuriser le secteur (barrière, balisage, roselière…) et d’éviter une fréquentation incontrôlable des abords du Drac. Ce projet ne pourra se concrétiser que sous réserve de modification de l’arrêté préfectoral et de la mise en place d’un Plan de Sécurisation Active.
Le saviez-vous ? Au delà de la protection du patrimoine naturel, les gardes de la Réserve Naturelle Régionale ont des missions de prévention et de pédagogie sur les risques liés à la présence d’ouvrages hydroélectriques. Assermentés, ils peuvent verbaliser les contrevenants à l’interdiction préfectorale d’accès au lit du Drac.
* EDF Unité de Production Hydraulique Alpes, Grenoble-Alpes Métropole, la CLE (Commission Locale de l’Eau), l’Agence de l’eau Rhône-Alpes et Méditerranée-Corse, le SIGREDA gestionnaire de la RNR des Isles du Drac et la Région Aura
Découvrez le projet de remise en eau du Drac
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